Notre première vérité rappelle simplement que le Gardasil, comme tout vaccin, est un traitement et que son intérêt doit être envisagé de manière contradictoire selon la balance avantages/risques. Dans le cas particulier du Gardasil, l’avantage sur le cancer n’est absolument pas démontré (aucune série n’a prouvé une diminution de mortalité chez les femmes vaccinées par rapport à celles qui ne le sont pas) alors que les accidents de la vaccination sont fréquents et bien documentés à l’étranger.
L’absence de problème de santé publique et la nécessité du dépistage par frottis
Je réaffirme haut et fort que les données acquises de la science montrent que le cancer du col de l’utérus n’est plus un problème de santé publique en France depuis la pratique généralisée des frottis. En 2012, il représentait moins de 1% des cancers de France métropolitaine (3 000 des 355 000 nouveaux cas de cancers) et 0.6% des 148 000 décès de cancer (1). De plus, la prévention de la mort par ce cancer grâce à la pratique des frottis cervicaux vaginaux a fait la preuve de son efficacité depuis 30 ans, faisant régresser la mortalité annuelle de ce cancer de 5 000 à moins de1 000. Les femmes qui meurent encore de ce cancer sont presque exclusivement celles qui ne se sont pas fait pratiquer un frottis tous les trois ans, comme recommandé par la Haute Autorité de Santé (HAS).
Malheureusement, une étude de cette même HAS, réalisée en 2010 à partir des statistiques de la CNAM, a montré que seulement une Française sur deux se faisait dépister. Si le Ministère désirait diminuer le risque de décès par ce cancer, il aurait du faire une campagne d’information et de promotion des frottis parmi ces femmes. Hors de France, la situation est différente et le cancer reste un vrai problème de santé publique, en particulier en Afrique où les laboratoires pourraient peut-être offrir le vaccin aux populations qui ne peuvent pas bénéficier du dépistage.
Un lien non prouvé entre papillomavirus et cancer du col de l’utérus
Sur le lien de causalité entre virus et cancer, je désire rappeler les bases scientifiques des enquêtes de causalité : les tests statistiques peuvent prouver qu’une association n’est pas due au seul hasard mais ils ne permettent jamais de préciser la nature de l’association. Les laboratoires pharmaceutiques (qui vivent des tests et des vaccins) claironnent que le papillomavirus est LA cause du cancer du col de l’utérus. Mais il n’y a pas une cause unique à ce cancer : son origine est multifactorielle, il est la conséquence de plusieurs facteurs qui se combinent et dont les responsabilités propres sont difficiles à établir. Toutes les études épidémiologiques prouvent que le risque de cancer du col augmente avec les infections à papillomavirus mais aussi avec la précocité du premier rapport sexuel, avec la fréquence de ceux qui suivent, avec le nombre de partenaires, avec celui des infections (qu’elles soient virales – en particulier avec le cyto mégalovirus – ou bactériennes), et même avec le tabac, voire l’alcool… Cela explique la plus grande fréquence du cancer du col de l’utérus chez les prostituées et sa grande rareté chez les nonnes.
Les études citées par notre contradicteur confirment seulement l’association statistique entre cancer et infection au papillomavirus, surtout lorsqu’elle persiste. Mais cette association statistique, même puissante, ne prouve en rien un lien de causalité directe. Un agent cancérigène doit être capable de créer un cancer par son application répétée. Cela est vérifié par exemple pour les goudrons sur la peau et les muqueuses. Or, aucune étude expérimentale n’a montré la création de cancer par infection répétée au papillomavirus. La comparaison de mon contradicteur entre cancer du poumon/tabac et cancer du col/infection à papillomavirus n’est en aucun cas pertinente car on crée des cancers des bronches avec les goudrons du tabac mais on est incapable de créer un cancer du col avec le papillomavirus.
Je trouve étrange cette focalisation sur le papillomavirus alors que les microtraumatismes répétés et les inflammations persistantes sont des facteurs cancérigènes majeurs et reconnus par tous, et que leur association avec le cancer du col est aussi habituelle que celle du virus. L’infection à papillomavirus atteint un jour ou l’autre la quasi-totalité des femmes sexuellement actives. Ses rechutes sont habituelles chez les femmes très actives sexuellement, qui sont aussi celles qui exposent leur col de l’utérus davantage aux microtraumatismes répétés (facteur cancérigène connu) et aux infections diverses et variées (une source d’inflammation chronique est un facteur cancérigène connu) et qui cumulent donc les facteurs cancérigènes. L’infection au papillomavirus peut donc parfaitement n’être qu’un marqueur du risque de cancer du col, témoignant simplement de l’activité sexuelle intense et du sur-risque causé par les microtraumatismes et l’inflammation chronique.
Des études sponsorisées par les laboratoires
Le lien de causalité aurait été plus probant si les études s’étaient intéressées aussi aux autres facteurs en les quantifiant (âge du premier rapport, fréquence des rapports, nombre de partenaires, fréquence des infections bactériennes et virales) et si une analyse statistique multivariée avec étude des odd ratio (rapport des cotes) résiduels avait précisé le rôle propre de chaque facteur. Mais, depuis le dépôt de brevet de Hauser et son prix Nobel (obtenu après que la fondation Nobel a reçu un don considérable d’un laboratoire copropriétaire du brevet et qui a soulevé une polémique en Suède), les études sponsorisées par les laboratoires ne s’intéressent qu’au papillomavirus et oublient volontairement les autres facteurs étiologiques possibles.
En justice, on qualifierait ce type d’enquête d’instruction à charge. L’analyse de l’article de F.-X. Bosch citée par notre contradicteur et actualisée en 2014 a été réalisée grâce à l’argent de Digene Corporation,. Cette société commercialise les tests du diagnostic du papillomavirus pour apporter la « preuve définitive » de la responsabilité de celui-ci ; on ne s’étonne donc pas qu’elle ait négligé la responsabilité des autres facteurs étiologiques possibles. Il fallait dénoncer le coupable rentable, le virus. Les preuves alléguées par mon contradicteur ne sont donc qu’un faisceau de faits, certes convergents, mais qui ne constituent pas une preuve directe.
Devant ce type de preuve indirecte, la justice pénale américaine conclurait « le virus était sur les lieux du crime, au moment du crime, mais il n’était pas seul et aucun témoin ne peut affirmer si c’est lui ou un autre qui est responsable ». Mon contradicteur avoue d’ailleurs qu’il n’est pas certain de son hypothèse causale impliquant exclusivement le papillomavirus puisqu’il reconnait « la preuve expérimentale de la causalité pourrait être apportée dans les années à venir si une diminution de cas de cancer était observée ».
L’efficacité du vaccin discutable
Je concède à mon contradicteur l’efficacité du Gardasil dans la prévention dans 50% (chiffre avancé par les laboratoires) à 18% (chiffre tiré d’études indépendantes) des infections à papillomavirus durant les cinq ans qui suivent la vaccination, mais cette prévention n’a qu’un intérêt très discutable car l’infection à papillomavirus est le plus souvent asymptomatique, n’a aucune gravité et guérit spontanément en trois ans dans 90% des cas. Or, pour protéger du cancer (si le papillomavirus en était responsable) il faudrait que ce vaccin soit efficace 25 à 30 ans et qu’il couvre toutes les souches de papillomavirus (2) – sinon la niche écologique ainsi créée par la vaccination risque de permettre la prolifération d’autres souches, peut-être plus dangereuses – ce que même les plus malhonnêtes des porte-parole des laboratoires n’osent pas prétendre. D’autant que les souches protégées par le vaccin ne sont pas les plus fréquentes en Europe contrairement à ce qu’affirme mon contradicteur, si on regarde l’étude réalisée à Barcelone (3) où elles ne représentaient que 3% des cas.
Les premiers résultats du Gardasil publiés par les laboratoires pharmaceutiques rapportent un plus faible risque de verrues génitales, ce qui est plausible, mais qui voudrait se faire vacciner pour éviter une verrue… L’argumentation « autres intérêts du vaccin » répète les mensonges publicitaires des laboratoires qui veulent absolument élargir les indications du vaccin en prétendant, là aussi sans aucune preuve réelle (on le retrouve dans les zones citées donc il serait coupable), que le papillomavirus est la cause de nombreux cancers.
Un coût indécent
Je continue à clamer que le prix du vaccin est indécent en cette période d’austérité pour la population, même s’il réalise l’objectif des big pharma d’obtenir le prix « maximal que les systèmes sociaux peuvent assumer ». Les premières indications conseillent trois injections, soit un coût total de 369 euros (et trente fois le prix du vaccin antitétanique !). Notre contradicteur minimise le prix en ne considérant que le reste à charge, que le lobby des vaccins veut faire diminuer en faisant payer l’assurance maladie, alors que le déficit chronique de cette dernière menace son existence même ! En l’état actuel de la science, la vaccination contre les papillomavirus n’a pas d’efficacité prouvée contre le cancer.
Des effets secondaires reconnus à l’étranger
Rappelons-nous l’expérience du vaccin contre l’hépatite, dont la publicité forcenée affirmait entre autres qu’il protégerait contre le cancer du foie et qui a été imposé à beaucoup d’Européens par la loi, à la demande des laboratoires (qui n’ont pas hésité à corrompre jusqu’au Ministre de la Santé italien). La population française s’est très majoritairement fait vacciner mais l’hépatite n’a pas disparu, le nombre de cancers du foie a augmenté, celui de scléroses en plaques déclarées a triplé et une nouvelle maladie a fait son apparition, la fasciite à aluminium.
Avant qu’un traitement puisse être conseillé, l’innocuité du vaccin doit être établie formellement et ce n’est pas le cas du Gardasil (4). En France, pays de Pasteur et de Sanofi, la vaccination constitue un tabou et faire reconnaitre un accident vaccinal quasiment impossible. Comme en son temps l’Agence de protection contre les radiations ionisantes a affirmé que le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à nos frontières, notre système de pharmacovigilance veille à ce que les accidents vaccinaux ne soient presque jamais considérés comme tels. Les Etats-Unis disposent d’un système efficace de surveillance des complications vaccinales : le Vaccine Adverse Events Reporting System que chacun peut consulter sur Internet (5).
En mars 2014, environ 34 240 effets secondaires des vaccinations contre les papillomavirus avaient été rapportés, dont plus de 162 décès (6). Prétendre que les indemnisations versées à ces victimes aux Etats-Unis n’est pas une preuve de ses complications témoignent d’un mépris considérable pour les victimes et pour l’organisme fédéral qui les a accordées. De même, il est sidérant que notre contradicteur, qui prétend s’appuyer sur les dernières données de la science, ignore les travaux des professeurs Romain Gherardi et Jérôme Authier, du centre des maladies neuromusculaires ( Hôpital Henri Mondor de Créteil) démontrant le lien entre l’aluminium vaccinal et la myofasciite à macrophages, ceux du professeur Gatto de l’université de Padoue montrant le risque de Lupus érythémateux(7) et ceux de nombreux autres chercheurs rapportant des accidents graves sur les système nerveux (8) (9) (10).
Pour conclure
Pour conclure, il faut rappeler :
- le caractère expérimental de cette vaccination, dont on ne connaît pas tous les risques et dont l’efficacité éventuelle ne sera connue que dans dix à quinze ans ;
- son inutilité : pour éradiquer les morts par cancer du col de l’utérus (0,6% des morts par cancer), il suffisait de généraliser les frottis (qui restent indispensables malgré la vaccination) ;
- l’incertitude sur le lien direct de causalité entre virus et cancer, car les études réalisées avec la collaboration des laboratoires ont systématiquement ignoré les autres étiologies possibles pourtant associées au cancer ;
- le poids énorme des conflits d’intérêts (Sanofi représente la seconde capitalisation boursière de la place de Paris). Les experts des agences chargés de protéger la santé publique ont bénéficié du camouflage de leurs liens d’intérêt prioritaire par les arrêtés d’application de la loi anticorruption rédigés par notre Ministre en concertation étroite avec les laboratoires (ils ne sont pas tenus de déclarer leurs contrats commerciaux avec les laboratoires !) ;
- une publicité mensongère réalisée avec la complicité des autorités sur les familles, publicité qui agite la peur d’un faux croquemitaine, qui culpabilise les parents et insiste sur la caution publique et la gratuité ;
- des tentatives persistantes de vacciner les petites filles à l’école sans tenir compte de la volonté des parents ;
- et que la vaccination par le Gardasil a été intégrée comme axe prioritaire du Plan Cancer 2014 malgré les incertitudes tant sur son efficacité que sur ses dangers. On ne peut que regretter cette absence de prudence de nos politiques et se demander quelles sont leurs motivations.
Je tiens enfin à préciser que je n’ai aucun lien d’intérêt avec aucun laboratoire pharmaceutique ou groupe qui prônent les vaccinations, ni non plus avec des groupements qui aurait un quelconque intérêt à nier l’intérêt des vaccinations en général et celle du Gardasil en particulier. J’espère que cela est également le cas de mon contradicteur dont les arguments sont précisément ceux que les laboratoires nous assènent à l’envi.
Gérard Delépine
(1) Les cancers en France en 2013. Collection état des lieux et des connaissances, ouvrage collectif édité par l’INCa, Boulogne-Billancourt, janvier 2014
(2) L. Tomljenovic and coll. Human Papillomav19, 1466-1487 Virus vaccine as an option for preventing cervical malignancies ; How effective and safe ? Current pharmacoceutical design 2013 19, 1466-1487
(3) Sanjose S, Almirall R, Lloveras B, Font R, Diaz M, Muñoz N, et al. Cervical human papillomavirus infection in the female population in Barcelona, Spain. Sex Transm Dis. 2003;30(10):788-93.
(4) Charlotte Haug, MD, PhD, MSc The Risks and Benefits of HPV Vaccination JAMA, August 19, 2009—Vol 302, No. 7 795
(5) VAERS-Vaccine Adverse Event Reporting System (CDC WONDER VAERS Request. wonder.cdc.gov/vaers.html)
(6) Slade BA, Leidel L, Vellozzi C, et al. Postlicensure safety surveillance for quadrivalent human papillomavirus recombinant vaccine. JAMA. 2009;302(7):750-757.
(7) Gatto M, Agmon-Levin N, Soriano A, Manna R, Maoz-Segal R, Kivity S, Doria A, Shoenfeld Y Human papillomavirus vaccine and systemic lupus erythematosus. Clin Rheumatol. 2013 Apr 28.
(8) Sutton I, Lahoria R, 50. Tan IL, Clouston P, Barnett MH. CNS demyelination and quadrivalent HPV vaccination. Mult Scler. 2009;15:116 – 9.
(9) C hang J, Campagnolo D, Vollmer TL, Bomprezzi R. Demyelinating disease and polyvalent human papilloma virus vaccination. J Neurol- Neurosurg Psychiatry. 2010:1– 3.
(10) A lvarez-Soria MJ, Hernandez-Gonzalez A, Carrasco-Garcia de Leon S, Del Real-Francia MA, Gallardo-AlcanizMJ, Lopez-Gomez JL. [Demyelinating disease and vaccination of the human papillomavirus]. Rev
Neurol. 2011;52:472– 6