Les agences sanitaires ne protègent plus la population des médicaments dangereux et l’état utilise les Réunionnais comme cobayes
Dr G Delépine cancérologue chirurgien et statisticien
Les agences sanitaires ont été créées après des scandales médicaux afin d’éviter qu’ils se reproduisent. Malheureusement l’industrie pharmaceutique en a progressivement pris le contrôle par les liens d’intérêts des experts[1] [2]et les liens financiers structurels que les agences ont contactés avec elle.
Par exemple 86 % [3] à 91% [4] du budget de l’Agence Européenne du Médicament (EMA) proviennent des honoraires et redevances que lui verse l’industrie.
Les décès survenus après injections du vaccin Ixchiq, après ceux du Dengvaxia et des injections anti-Covid, confirment une fois de plus que les agences sanitaires n’assurent plus leur mission de protection des populations contre les médicaments ou les vaccins dangereux. Et que la réponse gouvernementale aux épidémies se résume presque toujours et uniquement à « vaccin », même s’il a été insuffisamment étudié et alors que l’aménagement du territoire pourrait être aussi efficace et sans risque.
Le chikungunya à La Réunion
Le Chikungunya, maladie virale transmise par les piqûres de moustiques du genre Aedes (ou « moustiques-tigres »), frappe chaque année la population de la Réunion à des degrés divers car le climat chaud et humide de l’été austral crée un environnement idéal pour la reproduction des moustiques.
La maladie se manifeste généralement par une fièvre et des douleurs articulaires qui disparaissent spontanément au bout de quelques jours. L’évolution est le plus souvent favorable, mais le chikungunya peut parfois évoluer vers une phase chronique marquée par des douleurs persistantes pouvant exceptionnellement durer plusieurs mois ou plus.
La vague de contamination la plus violente a été celle de 2005, où les chiffres officiels d’avril 2006 estimaient le nombre de cas à 244 000 et 203 décès [5]. A l’époque le sous-préfet Olivier Magnaval et le maire de Saint-Louis Cyril Hamilcaro déclaraient : « ce qu’il faut, c’est nettoyer les espaces verts. Lutter contre les gîtes larvaires et les eaux. La lutte contre la maladie passe par la prévention de la prolifération des moustiques, c’est-à-dire par la réduction de toutes les sources possibles de gîtes larvaires que constituent les eaux stagnante, s ou tout récipient susceptible de retenir les eaux de pluie stagnantes ».
Mais l’état s’est déchargé du problème en décrétant le 30 décembre 2005 [6] le transfert de la lutte antivectorielle aux départements, sans leur allouer les moyens financiers nécessaires, et n’hésite pas à utiliser les habitants pour tester un nouveau vaccin insuffisamment étudié.
Le vaccin Ixchiq
Le vaccin Ixchiq utilise un virus vivant atténué, modifié afin de le rendre moins virulent.
Après une phase préclinique réalisée sur l’animal pour étudier la toxicité, les effets tératogènes, la mutagénicité et le pouvoir cancérigène, les nouveaux traitements sont classiquement testés sur l’homme en 4 phases cliniques. Phase I : recherche de la dose maximale tolérée. Phase II : détermination de l’efficacité de la posologie et du mode d’administration chez quelques malades. Phase III : essai thérapeutique pour comparer un nouveau traitement au traitement connu comme étant le plus efficace ou à un placebo. Phase IV : après AMM, étude à long terme des effets indésirables sur la population générale.
Les essais cliniques de phase 1 et 2 ont montré qu’il induisait la production d’anticorps contre le virus, possiblement protecteurs, avec des effets secondaires généralement modérés et transitoires. Mais les résultats d’essai phase 3 classiquement indispensable à l’examen de mise sur le marché n’ont pas été publiés.
L’autorisation de mise sur le marché a été accordée sur les simples affirmations du laboratoire d’efficacité et l’absence d’effets secondaires sévères confortées par les affirmations de Jean-Daniel Lelièvre, chef du service d’immunologie clinique et défenseur acharné des vaccins : « l’essai a été bien conduit et ses résultats sont prometteurs… les résultats obtenus chez l’animal laissent penser que c’est le cas »…
En l’absence d’essais d’efficacité dans les pays d’endémie du virus , l’homologation du vaccin a été basée sur les titres d’anticorps neutralisants (NAb) obtenus lors d’essais humains, d’études animales et d’études sérologiques dans les zones où sévit le chikungunya, malgré le fait que certaines de ces études montrent des titres d’anticorps apparemment contradictoires nécessaires pour conférer une protection[7].
En réalité, Il n’y a pas eu d’évaluation de l’efficacité vaccinale d’IXCHIQ au cours du développement clinique et son efficacité simplement supposée à partir d’un seuil prédictif de protection.
Comme le constatait la Haute Autorité de Santé [8] « le vaccin ne dispose pas encore de données sur son efficacité clinique en conditions réelles. » ajoutant « une phase test est prévue et La Réunion devrait y participer. » indiquant ainsi que les Réunionnais seraient utilisés comme cobayes du test, sans qu’ils en soient avertis, ni protégés par la surveillance individualisée prévue en cas d’essai officiel.
Les risques des essais vaccinaux non déclarés et non surveillés
Les autorités sanitaires ont envoyé 40000 doses de vaccin qu’elles ont conseillées aux personnes à risques, par définition les plus fragiles, et les ennuis n’ont pas tardé.
En quelques jours, 15 cas d’effets indésirables ont été identifiés dont trois complications graves dont un décès.
Le ministère de la Santé a reconnu : « le lien de causalité avec le vaccin semble très vraisemblable considérant les symptômes et leur délai d’apparition après la vaccination, ainsi que le résultat des examens biologiques. »
Depuis certaines voix[9] s’élèvent pour dénoncer une « vaccinmania » au sein des labo pharmaceutiques et du gouvernement depuis la pandémie du COVID 19. Au moindre bobo, hop, il faut piquer tout le monde sans prendre le temps d’évaluer les effets secondaires des produits…
« Le gouvernement doit rendre des comptes« , tonne Jean-Hugues Ratenon, député de la 5ᵉ circonscription de La Réunion qui appelle à une remise en cause de la stratégie sanitaire. Il déplore la réduction drastique des financements des contrats PEC, qui permettaient aux communes de recruter du personnel pour assurer la lutte contre les moustiques.
« Avec moins de bras sur le terrain, il était évident que le risque allait exploser« , Malgré ces alertes, les autorités ont préféré parier sur une vaccination « à marche forcée » plutôt que de renforcer les dispositifs de terrain.
La députée Karine Lebon dénonce une gestion « maladroite » de l’épidémie[10]. Elle déplore le recul de l’État dans le financement des contrats PEC, et insiste « sur la nécessité d’éradiquer les moustiques vecteurs et regrette que le président de la République, lors de sa visite éclair, n’ait guère évoqué ce nouveau foyer épidémique… en dépit des alertes lancées depuis huit mois par les professionnels de santé. »
Au lieu de lutter contre les causes des épidémies (éradication des moustiques pour prévenir paludisme, Chikungunya, fièvre jaune, distribution d’eau potable et traitement des eaux usées pour éviter choléra, typhoïde, hépatite A, dysenteries…) dans les départements ultramarins, le gouvernement préfère, comme lors du covid, tout miser sur les vaccins même lors qu’ils n’ont pas été suffisamment étudiés, ni testés. Il privilégie ainsi systématiquement l’intérêt financier des laboratoires au détriment de la sécurité sanitaire des populations.
Pour éviter de nouveaux scandales médicamenteux ou vaccinaux, il est urgent de ne nommer que des experts dépourvus de liens avec l’industrie, d’assurer le financement des agences indépendant de cette dernière et d’exiger des essais durant un temps suffisant pour dépister, évaluer l’efficacité et les possibles complications dans le groupe traité avec groupe témoin recevant de réels placebos. C’est ce que le gouvernement américain actuel s’efforce de réaliser.
[1]« Le gendarme européen du médicament testé corrupto-positif », Le Canard enchaîné, 7 décembre 2011, p. 3.
[2] https://www.nouvelobs.com/sante/20160307.OBS5938/scandales-pharmaceutiques-les-autorites-ne-controlent-plus-rien.html
[3]https://www.ema.europa.eu/en/about-us/fees-payable-european-medicines-agency
[4] https://www.ema.europa.eu/en/about-us/how-we-work/governance-reporting/funding#comment-81860
[5] F. Simon et P. Parola, « Chikungunya : leçons d’une épidémie et risques en méditerranée », Rev. Med. Interne, 2009.
[6] décret 2005-1763 de la loi 2004-809 (article 72) https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000006053074
[7] Weber WC, Streblow DN, Coffey LL. Chikungunya Virus Vaccines: A Review of IXCHIQ and PXVX0317 from Pre-Clinical Evaluation to Licensure. BioDrugs. 2024 Nov;38(6):727-742. doi: 10.1007/s40259-024-00677-y. Epub 2024 Sep 18. PMID: 39292392; PMCID: PMC11530495.
[8] https://imazpress.com/chikungunya/chikungunya-epidemie
[9] https://www.lejournaleconomique.com/2025/05/02/chikungunya-a-la-reunion-une-vaccination-precipitee/
[10] https://freedom.fr/chikungunya-a-la-reunion-la-deputee-karine-lebon-denonce-une-gestion-maladroite-de-lepidemie/