Archive d’étiquettes pour : erbitux

Nouvelles molécules innovantes : mythes et réalités N Delépine

 

cliquez  diaporama présenté à Gorcy  le 21 oct 2019 ici : MYTHES ET REALITES DES NOUVELLES MOLECULES OCT 2019 GORCY

 

Résumé

 

La dégradation du système de santé en France a vu parallèlement le développement à toute vitesse de mise sur le marché de vaccins destinés à prévenir le cancer et de drogues dites ciblées censées guérir les patients rapidement et avec moins d’effets toxiques. Malheureusement ces médicaments préventifs (vaccins) ou curatifs (nouvelles molécules) ont été mis très rapidement sur le marché, les autorisations par les agences de régulation américaine (FDA) ou européenne (EMA) ayant accepté de nouveaux critères très allégés (dits substitutifs). Nous verrons les conséquences délétères de la main mise de la finance internationale dans la perte d’efficacité et de sécurité des médicaments mis sur les marchés internationaux contrastant avec les dépenses fabuleuses qui leur sont liées.

 

 

2019 09 28 Grenoble le scandale des innovations médicamenteuses

 

diaporama de la présentation du dr G Delépine le 28 09 2019 à Grenoble

cliquez sur le lien ci-dessus

 

Vous verrez par exemple

  • Qu’est-ce qu’une drogue utile au malade ?
    Réponse transitoire ou survie globale ? Vu du patient ?
    ou du médecin ?

Réponse de la tumeur à une drogue : condition nécessaire ,pas suffisante

  • Une tumeur qui répond dans une localisation donnée peut parfaitement grossir ailleurs
  • Une tumeur stabilisée qq mois par un traitement peut mettre les bouchées doubles ensuite
  • pour alléguer un réel bénéfice dans la vraie vie :
  • juger de la survie globale du patient en MOIS OU ANNEES + QUALITE DE VIE
  • ET PAS SEULEMENT DE LA STABILISATION d’1 de ses localisations tumorales
  • Qu’est-ce qui définit une drogue utile au malade ?
  • en pratique voir si le patient se porte mieux
  • (vie plus normale, moins de maux liés au traitement, vomissements, nausées, essoufflement, épuisement, douleurs etc.
  • vit plus longtemps !
  • toujours comparer sa durée de vie avant traitement depuis sa maladie …
  • souvent on crie au miracle sur 4 mois de stabilisation alors qu’il vivait moyennement sans traitement spécifique depuis deux ans

 

 

vous verrez des exemple de publicité mensongère : elles sont légion

 

  • Astuces habituelles des publicités trompeuses ou mensongères

Confondre la survie globale (le fait d’être vivant) avec la survie sans progression (Progression Free Survival ou PFS) qui représente seulement le temps durant lequel la tumeur ne progresse pas d’après l’imagerie

Additionner la diminution du risque de progression tumorale à la diminution de risque de mort

Ne jamais préciser que cette diminution du risque est très courte (quelques semaines)

 

 

La réalité des thérapeutiques ciblées est décevante

Tant par le prix des traitements

3000 à 5000 euros par mois

que par les examens moléculaires approfondis des tumeurs qu’elles exigent. (500 à 1000 euros par examen)

Ces nouveaux traitements sont peu ou pas utiles aux malades

Discordance majeure entre la réalité d’une très faible efficacité et leur présentation trompeuse sur les médias grand public (Tv, radio, journaux),

Et médicales (revues médicales, congrès et enseignements post universitaire)

Publicité trompeuse sans limites

 

Quelques drogues vedettes dans le cancer broncho pulmonaire vous sont présentées dans le diaporama

-Avastin

-Autres anti angiogenèses

-Anti kirosine kinases

Tarceva (erlitinib

Nexavar( sorafenib)

Iressa(gefitinib)

Giotrif (afatinib)…

 

  • Conclusion le seul traitement potentiellement curateur du cancer du poumon est local,
  • Les thérapeutiques ciblées, n’ont pas permis de guérir un seul malade et ont seulement parfois prolongé de qq semaines la durée de vie de qq malades au prix de complications nombreuses parfois léthales et de certains cas d’accélération de la maladie!Le cancer jadis maladie longue et pénible
  • depuis les thérapies ciblées trop souvent un cancer foudroyant!

 

 

  • autre exemple   médicaments innovants et cancer du rein

voir détails des pseudo drogues miracles et en conclusion :

cancers du rein état actuel de la science

le traitement optimal du cancer du rein est chirurgical

2°) en cas de métastase ou de tumeur non opérable des traitements médicaux peuvent être discutés. L’interféron et l’interleukine ont fait la preuve d’une utilité réelle mais modeste.

Les thérapies ciblées qui bénéficient d’une propagande considérable sont toxiques et n’ont jusqu’ici pas apporté de preuve réelle d’utilité pour les malades.

 

 

  • L’accélération de la mise sur le marché des médicaments a-t-elle été utile aux malades souffrant de cancer ?
  • La logique de l’accélération des processus d’AMM des nouvelles drogues depuis 20 ans repose sur un certain nombre
  • de mythes, d’illusions voire de « fake news
  • largement diffusés par les médias destinés à la population, les revues médicales et des experts qui vivent de l’industrie pharmaceutique
  • Ce sujet d’autant plus important que le coût du cancer en France correspond environ à 10% du budget de l’assurance maladie, soit 15 milliards d’euros annuels
  • Savoir comment et à quoi utiliser cet argent nous concerne tous, citoyens malades et bien portants
  • l’accélération de l’AMM des médicaments permettrait d’augmenter la survie des malades.
  • Cette affirmation publicitaire ne résiste pas à l’analyse des faits avérés
  • Ainsi Vinay Prasad, professeur de cancérologie à Chicago, a constaté dans le JAMA Internal Medicine :
  • “36 des 54 (67%) nouvelles drogues autorisées par la FDA entre 2008 et 2012 l’ont été sur des critères de substitution = allégés/ critères classiques
  • Mais seulement 5 de ces 36 médicaments ont été capables d’améliorer la durée de survie lors d’essais randomisés”.
  • L’efficacité d’une drogue à obtenir une réponse de la tumeur constitue une condition nécessaire à son utilité pour les malades, mais elle n’est pas suffisante
  • Références citées dans ce diaporama in : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-innovation-en-cancerologie-quels-202718

efficacité de la drogue à obtenir réponse de la tumeur

  • condition nécessaire, pas suffisante.
  • Une tumeur qui répond dans une localisation donnée (choisie comme critère dans l’essai pivot) peut parfaitement grossir ailleurs. Une tumeur stabilisée quelques mois[9]par un traitement peut mettre les bouchées doubles ensuite et rattraper le temps initialement perdu[10].
  • Les nouveaux traitements reçoivent leur AMM sans preuve réelle d’utilité, sur des données peu probantes
  • sans évaluation de leur balance avantages/risques.
  • obtention accélérée de l’AMM habituellement assortie de l’obligation de fournir des études complémentaires confirmant l’utilité du médicament
  • l’absence de présentation de ces études complémentaires constitue un motif légal de suspension de l’AMM
  • Mais, ainsi que le montrait déjà en 2009 un rapport du Government Accountability Office[17] (previous analysis)
  • près de 30% des 400 études complémentaires demandées n’ont pas été réalisées
  • sans que la FDA exerce systématiquement son autorité en suspendant l’AMM
  • un médicament mis trop vite sur le marché peut entraîner une diminution de la durée de vie

Ainsi dans l’essai SWOG 0023 les malades atteints de cancer du poumon qui ont reçu de l’Iressa [gefitinib] comme traitement de consolidation ont vécu en moyenne un an de moins que ceux qui ne recevaient qu’un placebo !

voyez le détail sur les diapos  jointes

 

  • Le mirage des thérapies ciblées s’étend au-delà du cancer

Rhumatologie, Hépatite, Alzheimer…

  • PolyArthrite rhumatismale
  • Les agents biologiques coûtent 16000 dollars par an par patient soit 120 fois plus que le traitement équivalent par drogues conventionnelles
  • La méta-analyse de 2010 démontre que l’ancienne association de 2 drogues à faible prix est aussi efficace,
  • Publiée 4 mois après les recommandations de l’ EULAR …milliards d’euros pour rien
  • Vaccins contre  »le cancer du col »
  • Médicaments anti Alzheimer: quand l’efficacité est jugée secondaire

Christian Lehmann n’a ainsi pas caché sa consternation face au discours du ministre «Marisol Touraine aura été: veule, stupide, consternante… Scrupuleusement attachée,, à faire de la santé publique une simple variable d’ajustement du politique ». « Marisol Touraine se retrouve devant un choix simple. Acter l’inutilité et la nocivité de ces médicaments, ordonner leur déremboursement (dans un premier temps), puis les modalités de leur arrêt de commercialisation (puisqu’il en va de la santé des malades). Ou bien satisfaire les lobbies, maintenir un statu-quo déclinant »

  • Les mythes justificatifs de prix délirants
  • Les prix ne sont en aucun cas justifiés par les coûts de recherche
  • le véritable coût de la mise au point d’un médicament serait de l’ordre de 100 millions de dollars soit huit fois moins que les chiffres avancés par l’ industrie pharmaceutique
  • Les bénéfices d’aujourd’hui ne feront pas les médicaments de demain.
  • Comment en est on arrivé là ?
  • La mondialisation a apporté une puissance financière colossale aux « big pharma » qui ont utilisé leur puissance en lobbying voire en corruption
  • Les firmes du médicament assurent l’essentiel du budget de l’enseignement post universitaire, des revues, et congrès médicaux, des sociétés savantes, et de nombreuses associations de malades,
  • Les firmes ont signé des contrats commerciaux avec la majorité des médecins leaders d’opinion et/ou experts
  • Elles se sont installées au marche du pouvoir politique par le chantage aux emplois et le financement des campagnes électorales
  • Les agences sanitaires créées pour assurer la sécurité sanitaire ont été invité à ‘soutenir l’innovation’
  • pour imposer de nouvelles stratégies thérapeutiques reposant sur la génétique

Alliance des pouvoirs médical et politique avec les big pharma

  • les agences sanitaires ont failli!

En acceptant la comparaison au placebo en lieu et place du meilleur traitement connu.

Afin de délivrer plus et plus vite des autorisations de mise sur le marché (AMM) sans attendre une évaluation réelle de son utilité pour les malades

 

 

  • En conclusion
  • il nous parait important que chaque citoyen concerné un jour par la rencontre avec le cancer, directement ou pour un proche, prenne le temps de s’informer -comme c’est théoriquement encore la loi-, de réfléchir aux différentes options possibles.
  • Les traitements éprouvés guérissaient à la fin des années 80 plus de 55 % des malades adultes atteints de cancer, et plus de trois quarts des enfants de moins de 15 ans, survie en rémission complète à 5 ans après le début du cancer (pas de trace décelable du cancer avec les moyens modernes de détection). Ils sont considérés comme guéris. Cela est confirmé à long terme.
  • traitements éprouvés encore possibles ! Demander qu’on vous les présente
  • association chirurgie (la +systématique possible et de qualité, parfois radiothérapie +/-chimiothérapie classique
  • adaptée dans le rythme, produits, durée à chaque type de tumeur, et à chaque patient et sa tolérance.
  • tts éprouvés largement publiés, diffusés dans congrès internationaux, revues des 50 années. Disponibles sur grande base de données internationales Pubmed libre d’accès à tous.
  • Disponibles mais savoir et savoir-faire des jeunes générations s’estompent, d’autant médecins+ étudiants dissuadés de lire vieux articles (+ de 3 ans..) considérés comme ringards et inutiles

 

  • Ces schémas thérapeutiques existent : ne faut pas croire que si vous refusez la molécule pseudo-miracle, il n’y a rien d’autres comme trop de patients le pensent
  • Il faut exiger au moins deux choses :
  • 1 – voir directement le chirurgien en consultation si tumeur solide
  • sans admettre le verdict « vous êtes inopérable » fruit d’une réunion pluridisciplinaire –RCP- à laquelle vous n’avez pas assisté.
  • si le chirurgien ne peut réellement vous opérer, voir le radiothérapeute pour obtenir un traitement local +/- associé aux médicaments
  • Le traitement local (chirurgie et/ou radiothérapie) est capital dans vos chances de guérison, y compris si vous présentez des métastases
  • Mais la « mode » est au refus de geste local pour les patients métastatiques, car évidemment comme cobaye d’une molécule récente, le résultat sera plus « pur » sans traitement local..
  • Il faut exiger de prendre le temps de la réflexion éclairée
  • 2- discuter avec votre cancérologue des
  • avantages et inconvénients du traitement proposé
  • versus les autres schémas publiés et prendre quelques jours pour méditer
  • Avec ces éléments vous pourrez prendre une décision éclairée et ne pas vous sentir embarqué dans le TGV du traitement.

 

 

 

 

 

 

 

 

Colloque_2017_bobigny-poster-SSP_G_DELEPINE

 

2017 04 28 COLLOQUE Bobigny survie sans progression

 

CLIQUEZ SUR LE LIEN CI DESSUS POUR VOIR LE DIAPORAMA PRESENTE A BOBIGNY AU COLLOQUE SUR ET SOUS MEDICALISATION

 

La durée de survie sans progression est-elle prédictive de la survie globale ? Analyse des études de thérapies ciblées en cancérologie.

Delépine N. Delépine, S Alkhallaf

Introduction. La durée de survie sans progression (SSP) constitue le premier critère de jugement de plus de 90% des essais des thérapies innovantes actuelles lors de la demande d’AMM. Cette SSP est supposée prédictive de la survie globale et donc de l’utilité future pour les malades. Ce travail a pour but de le vérifier ainsi que sa valeur prédictive d’une utilité clinique pour les malades.

Méthode. Une recherche informatisée avec pour mots clefs avastin, herceptin, erbitux, erlotinib, sorafenib, gefitinib, crizotinib, afatinib, temsirolimus, pazotanib, sunitinib, axitinib, dans les cancers broncho-pulmonaires épidermoïdes, du rein, du colon, du sein et ORL a été réalisée. 110 essais ont ensuite ont été examinés pour sélectionner ceux où la SPP et les résultats à long terme ont été publiés précisant la survie globale et la toxicité (51 études). Les gains de durées de survie sans progression publiés lors de l’étude pivot dont été ensuite comparées à ceux de survie globale en recherchant une corrélation statistique par le coefficient de corrélation.

Résultats Les gains de survie sans progression rapportées par les études pivots de thérapies ciblées ne sont pas corrélées avec un gain éventuel de survie globale ni avec un gain éventuel de qualité de vie. Ce résultat confirme de nombreuses macroanalyses dont celles de Petrelli et de l’institut Cochrane (pour TKI et les cancers pulmonaires), et de l’institut Cochrane (pour l’avastin et le cancer du sein),

Conclusions. Lors d’essais de thérapies ciblées en cancérologie , la durée de survie sans progression ne préjuge ni de la durée de survie globale ni d’une balance avantages/risques favorable. Privilégier ce critère pour décerner l’AMM aboutit à exposer les malades à des risques importants et le plus souvent sans bénéfice réel. Il ne devrait donc plus être acceptée comme critère principal.

 

 

 

 

“Is progression-free survival time predictive of overall survival? 

Analysis of studies of targeted therapies in oncology”

by G. Delépine, N. Delépine, S. Alkhallaf

 

presented in Bobigny congress  2017

 

 

Introduction

The duration of progression-free survival (PFS) is the first criterion of judgment of more than 90% of the trials of the current innovative therapies at the time of the MA application. This PFS is supposed to be predictive of overall survival and therefore of future usefulness for patients. This work aims to verify it as well as its predictive value of clinical utility for patients.

 

Method

A computerized search with key words Avastin, Herceptin, Erbitux, erlotinib, sorafenib, gefitinib, crizotinib, afatinib, temsirolimus, pazopanib, sunitinib, axitinib, in bronchopulmonary squamous cell carcinoma, kidney, colon, breast and ENT was realized. 110 trials were then examined to select those where SPP and long-term outcomes were published detailing overall survival and toxicity (51 studies). The gains in progression-free survival durations reported in the pivotal study were then compared to those of overall survival.

 

Results

The progression-free survival gains reported by the pivotal studies of targeted therapies are not correlated with a possible overall survival benefit or with a potential gain in quality of life. This result confirms many macroanalyses including those of Petrelli and the Cochrane Institute (for TKI and lung cancers), and the Cochrane Institute (for Avastin and breast cancer).

 

Conclusions

In trials of targeted therapies in oncology, the duration of progression-free survival does not prejudge either the overall survival time or a favourable benefit / risk balance. Favouring this criterion to award the AMM results in exposing patients to significant risks and most often without any real benefit. It should therefore no longer be accepted as the main crite

 

 

 

colloque bobigny 2017 resultats-pivots

Colloque_2017_bobigny-poster-SSP_G_DELEPINE

two presentations in french  with curves of the results

 

“Are the results of pivotal studies in oncology reliable?”

by G. Delépine, N. Delépine, S. Alkhallaf

 

 

 

Introduction

Over the last fifteen years, the authorization to put innovative therapies on the market has been granted after one or sometimes two short placebo-controlled studies on a small number of patients. To see if these pivotal studies are reliable, we compared their initial results with the latest published results.

 

Material and methods

A computerized search with key words Avastin, herceptin, erbitux, erlotinib, sorafenib, gefitinib, crizotinib, afatinib, temsirolimus, pazopanib, sunitinib, axitinib, in bronchopulmonary squamous cell carcinoma, kidney, colon, breast and ENT cancers has been realized to find 42 pivotal studies. We then looked for those with distant results specifying the duration of progression-free survival, Overall survival and toxicity were published (32) and compared the results of the pivotal studies with those of the last trials on these three criteria.

 

Results

Less than 30% of the results presented to the regulatory agencies during marketing authorization applications are fully confirmed by subsequent trials. 20% of them are confirmed for 1 or 2 criteria. The discrepancies observed between initial and late results are always in the direction of greater efficacy or less toxicity of the new drug in the pivotal study.

 

Conclusions

In targeted therapies of solid tumors the favourable initial results of the pivotal studies are rarely confirmed by subsequent publications and the discrepancy still favours the new drug, suggesting that many of these trials do not represent real population use and that some of them benefited from the  » improvement  » of their results before presentation to regulatory agencies.

 

 

Conference « Overconsumption, overtreatment » of Medicine Faculty of Bobigny, Seine Saint Denis (France)

Summary of a communication (April 2017)

 

 

SEE  THE POSTER http://surmedicalisation.fr/?page_id=4556#Gerard_DELEPINE1  IN FRENCH

 

 

 

 

Place de l’Erbitux* (cetuximab) dans le traitement des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS)

15/6/2018 par le Dr G Delépine oncologue chirurgien et statisticien

Le traitement qui a fait la preuve de la plus grande efficacité contre les cancers des VADS est l’association d’un traitement local (chirurgie+/- radiothérapie) à une chimiothérapie comportant du platine, et parfois du docetaxel et/ou du fluoro uracile.

L’ Erbitux® (cetuximab)  est un anticorps monoclonal chimérique IgG1 produit dans une lignée cellulaire de mammifère (Sp2/0) par la technique de l’ADN recombinant.  Il cible le récepteur du facteur épidermique de croissance (EGFR) pour limiter la croissance des cellules tumorales.

 

 AMM pour Erbitux en 2006 sur une étude erbitux versus placebo (avec radiothérapie dans les deux cas)

Le 1 3 2006, la FDA a accordé l’AMM[1] à l’Erbitux®, pour son utilisation en association à la radiothérapie dans le traitement des VADS localement avancé ou en monothérapie pour les récidives chez des patients chez lesquels la chimiothérapie par platine avait échoué. Cette autorisation était basée sur les résultats d’un essai randomisé de phase III sur 424 patients souffrant de VADS stade III/IV SCC de l’oropharynx, l’hypopharynx, ou du larynx vierges de tout traitement[2]. Les patients étaient tirés au sort pour recevoir soit le cetuximab plus radiothérapie (211 patients), soit la radiothérapie seule (213 patients). La durée moyenne de survie atteignait 49 mois dans le groupe cetuximab plus radiothérapie versus 29.3 mois pour les patients traités par radiothérapie seule.

Le 7 novembre 2011, la FDA a accordé une nouvelle AMM à l’Erbitux® pour une utilisation comme premier traitement en association à une chimiothérapie bi drogue (platinum- plus 5-fluoro-uracile (5FU)) pour les malades souffrant de récidive loco régionale ou métastatique.

Cette AMM était motivée par les résultats d’un essai multicentrique randomisé sur 442 patients souffrant de VADS récidivants qui ne paraissaient pas pouvoir bénéficier d’un traitement à visée curative par chirurgie ou radiothérapie. 222 patients ont été traités par l’association de cisplatine (or carboplatine) 5-FU et 222 ont reçu en plus de l’erbitux. Avec un suivi moyen de 18 mois, la survie globale était augmentée de 81 jours dans le groupe recevant de l’erbitux (10.1 mois versus 7.4 mois[3]).

Depuis cette époque, deux questions cruciales se posent : que donne la comparaison directe de l’Erbitux® à la chimiothérapie en particulier par cisplatine ? L’addition de l’Erbitux® au traitement de référence par radio chimiothérapie améliore-t-elle réellement la survie globale ?

Les résultats des études pivot n’ont pas vraiment convaincu les experts de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui précisent dans leur avis du 10 février 2010 : « ERBITUX en association à une chimiothérapie à base de platine apporte une ASMR modérée (niveau III) en termes d’efficacité dans le traitement du carcinome épidermoïde des VADS récidivant et/ou métastatique »

12 ans après la première publication pivot, aucune actualisation précise des résultats n’a été publiée[4] ce qui alimente la suspicion sur les résultats de ces études réalisées pour obtenir l’AMM par des auteurs très liés au laboratoire. D’autant que plusieurs études réalisées depuis, suggèrent que l’Erbitux® seul donne des résultats inférieurs à la chimiothérapie, que son association aux chimiothérapies de référence n’apporte aucun bénéfice et que sa toxicité est préoccupante, bien plus sévère qu’annoncée.

Ainsi au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York, la comparaison des résultats  de l’association CDDP/ Radiothérapie (RT) (n 49) à ceux de l’erbitux/RT (n 125) montre que  la survie à 2 ans (87.4% v 44.5%; P<.001) , le taux de contrôle local (94% v 60%; P <.001) et celui de survie sans récidive (92.8% v 66.6%; P<.001) sont supérieurs après chimiothérapie  qu’après Erbitux®[5]. Dans cet hôpital, le traitement par Erbitux a exposé également à davantage de récidives locales que l’association carboplatin+ fluorouracil  (risque de récidive locale à 4 ans 40.2% versus 9.7 %; P <.002)[6].

Même observation dans le Medical Oncology Service de St. Louis : le taux de survie en rémission à 3 ans (83% versus 31%) et celui de contrôle tumoral  local sont meilleurs pour les patients traités par cisplatine que par  Erbitux®. Ces différences ne peuvent être expliquées ni par des facteurs pronostiques initiaux, ni par les modalités d’application des traitements[7].

Dans le département de Médecine de Louisiane[8], la comparaison rétrospective des résultats montre un avantage net de survie globale aux malades traités par chimiothérapie par rapport à ceux ne recevant que de l’erbitux. Le taux de survie à deux ans des malades ayant reçu du cisplatine est nettement supérieur à celui des malades traités par l’Erbitux® (70% versus 22%) et l’analyse multivariée confirme que leur risque de mort est très significativement plus faible (P=0.0008).

Levy A et ses collègues ont suivi entre 2006 et 2012, 265 patients souffrant de cancer avancé des voies aérodigestives supérieures traités par chirurgie+/- radiothérapie, associé  soit à une chimiothérapie comportant du platine (n = 194) soit à  l’erbitux (n = 71). Les malades traités à l’erbitux ont présenté significativement plus de récidives locales (32% versus 19% p < 0.001) et plus de métastases (27% versus 21%) que ceux traités par chimiothérapie[9].

Une macro-analyse de 2014 [10] confirme que l’association de chimiothérapie contenant du platine à la radiothérapie donne de meilleurs résultats que l’erbitux avec un gain de survie globale à 2 ans de 12% et un control local amélioré de 10%.

L’addition de l’erbitux au traitement de référence par radio chimiothérapie n’améliore pas non plus les résultats. Dans l’essai  RTOG 0522, l’addition de l’erbitux au traitement par radio chimiothérapie comportant du cisplatine n’améliore ni la survie globale ni la survie en rémission et augmente la toxicité[12].[13] 

Ces résultats sont confirmés par une macro-analyse de 2017 portant sur 2263 malades inclus dans 8 essais comparant chimiothérapies et erbitux dans les cancers récidivants ou métastatiques[11]

Cet échec de l’association de l’erbitux à la chimiothérapie est confirmée par une étude randomisée coréenne sur 92 patients traités par une induction de 3 cycles de docetaxel et de cisplatine, avec ou sans erbitux [14]. L’ajout de l’erbitux à la chimiothérapie a rendu plus difficile l’administration de la chimiothérapie et est source de réduction de dose, sans améliorer l’efficacité, ni sur la durée de survie sans progression, ni sur la survie globale.

 

 TOXICITE A METTRE EN BALANCE AVEC FAIBLESSE DES RESULTATS

La toxicité de l’erbitux est beaucoup plus sévère que ne le prétendaient les études pivot initiales, le plus souvent trop courtes pour les mettre en exergue.

L’étude de Magrini [15]comparant cetuximab au cisplatine a été interrompue après inclusion de 35 patients dans le bras erbitux. 28% seulement de ces patients ont reçu au moins sept cycles of cetuximab, (contre 94% dans l’étude pivot de Bonner)  et 13% des patients recevant le cetuximab ont dû retarder le traitement de plus de 10 jours. 19% des malades ont souffert de toxicité sévère à l’erbitux, dont 4  fatales (plus de 10%) ! Un patient a souffert de perforation intestinale, un autre est mort de pneumonie et 4 patients ont présenté un choc septique, dont 3 mortels (contre aucun décès rapporté dans l’étude pivot de Bonner).

FREQUENCE DES EFFETS INDESIRABLES SUR LARGE METANALYSE

La macroanalyse de Xing Li [16]précise la fréquence des effets secondaires du cetuximab sur un total de 14776 patients décrits dans 21 essais sur des tumeurs solides.  Les effets secondaires les plus fréquents sont les nausées, l’anémie, les vomissements, la neutropénie, les rash, l’asthénie, les diarrhées, et l’anorexie (au moins 25%).  Les conjonctivites  touchent 10% des patients. D’autres complications parfois sévères sont les réactions lors des perfusions, l’hypomagnésémie, l’hypocalcémie and hypokaliémie. Le risque de complication fatale est estimé à 2 %.

Faible efficacité et toxicité sévère expliquent l’avis du Liverpool Reviews and Implementation Group, de l’Université de Liverpool [17]agissant à la demande du NICE, Institute anglais  qui considère que « le cetuximab n’apporte pas de bénéfice significatif aux patients souffrant de  cancers métastatiques des voies aérodigestives supérieures par rapport à la chimiothérapie ».

L’association  de chimiothérapie contenant du platine à la radiothérapie reste donc le traitement de base des cancers VADS localement avancés.

[1] Autorisation de mise sur le marché donc de vente

[2] James A. Bonner Radiotherapy plus Cetuximab for Squamous-Cell Carcinoma of the Head and Neck N Engl J Med 2006;354:567-78)

[3] Jan B. Vermorken Platinum-Based Chemotherapy plus Cetuximab in Head and Neck Cancer. N Engl J Med 2008;359:1116-27

[4] Un abstract des auteurs précise seulement qu’à 5 ans moins de 3% des malades ont survécu sans qu’aucune courbe de survie globale ne soit fournie !

[5] Nadeem Riaz et all. Should Cetuximab Replace Cisplatin for Definitive Chemoradiotherapy in Locally Advanced Head andNeck Cancer? Journal of Clinical Oncology, Vol 31, No 2 (January 10), 2013: pp 287-290

[6] Shapiro LQ Efficacy of concurrent cetuximab vs. 5-fluorouracil/carboplatin or high-dose cisplatin with intensity-modulated radiation therapy (IMRT) for locally-advanced head and neck cancer (LAHNSCC). Oral Oncol. 2014 Oct;50(10):947-55

[7] Ley J, Mehan P, Wildes TM, et al: Cisplatin versus cetuximab given concurrently with definitive radiation therapy for locally advanced head and neck squamous cell carcinoma. Oncology 85:290-296, 2013.

[8] Peddi et al. Cisplatin, Cetuximab, and Radiation in locally advanced head and neck squamous Cell Cancer: a Retrospective Review. Clinical Medicine Insights: Oncology 2015:9 1–7 doi: 10.4137/CMO.s18682

[9] Levy A, Blanchard P, Bellefqih S, et al: Concurrent use of cisplatin or cetuximab with definitive radiotherapy for locally advanced head and neck squamous cell carcinomas. Strahlenther Onkol. 2014 Sep;190(9):823-31.

[10] Sandro Barni Cisplatin versus cetuximab plus concomitant radiotherapy in locally advanced head and neck cancer: A meta-analysis of published trials. J Clin Oncol 32:5s, 2014 (suppl; abstr 6014

[11] Bum Jun Kim The role of anti-EGFR agents in patients with locoregionally advanced head and neck cancer: a meta-analysis of randomized trials Oncotarget, 2017, Vol. 8, (No. 60), pp: 102371-102380

[12] Ang KK, Zhang Q, Rosenthal DI, et al: Randomized phase III trial of concurrent accelerated radiation plus cisplatin with or without cetuximab for stage III to IV head and neck carcinoma: RTOG 0522. J Clin Oncol 32:2940-2950, 2014.

[13] Specenier PM et al TPF plus cetuximab induction chemotherapy followed by biochemoradiation with weekly cetuximab plus weekly cisplatin or carboplatin: a randomized phase II EORTC trial. Ann Oncol. 2017 Sep 1;28(9):2219-2224. doi: 10.1093/annonc/mdx300

[14] Keun-Wooklee A Randomized,Multicenter, Phase II Study of Cetuximab With Docetaxel and Cisplatin as Induction Chemotherapy in Unresectable, Locally Advanced Head and Neck Cancer,The Oncologist 2015; 20:1119–1120

[15] Magrini et al Cetuximab and Radiotherapy Versus Cisplatin and Radiotherapy for Locally Advanced Head and Neck Cancer: A Randomized Phase II TrialClin Oncol 34:427-435. © 2015

[16] Xing Li Incidence and Risk of Treatment-Related Mortality with Anti-Epidermal Growth Factor Receptor Monoclonal Antibody in Cancer Patients: A Meta-Analysis of 21 Randomized Controlled Trials. PLoS ONE 8(11): e81897. doi:10.1371/ journal.pone.0081897)

[17] Health Technology Assessment 2009; Vol. 13: Suppl. 3