Jevtana* et cancer de la prostate[1] : exemple d’intervention ouverte des lobbies et d’associations de patients.

Par N. et G. Delépine mars 2017

L’histoire du Jevtana* dans le cancer de la prostate montre comment agissent les big pharma lorsque leurs exigences tarifaires ne sont pas satisfaites.

Le Jevtana*(cabazitaxel) est un agent de chimiothérapie cytotoxique de la famille des taxanes, légèrement efficace sur les cancers de la prostate devenus résistants à l’hormonothérapie et à la chimiothérapie de référence.

Ce traitement ne permet de pas de guérir ce cancer et vise seulement à ralentir la progression de la maladie et à améliorer le confort de vie.

Il a bénéficié d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) en 2010 par la Food and Drug Administration américaine (FDA) puis de l’agence européenne du médicament (EMA) sur la foi de l’étude pivot TROPIC[2].

Celle-ci affirmait (sur 755 patients) que son administration augmenterait de 42 jours la durée médiane de stabilisation tumorale et de 75 jours la survie par rapport à la mitoxantrone seule.

EFFICACITE NON DEMONTREE, EFFETS SECONDAIRES SEVERES

Mais, d’après l’institut NICE[3]du Québec « Les études soumises pour cette évaluation de l’efficacité et de l’innocuité de Jevtana* sont de faible niveau de preuve … L’absence de données pertinentes sur la qualité de vie est déplorée.»[4]. La revue Prescrire[5] est encore plus précise : « effets indésirables graves fréquents et parfois mortels. Un surcroît de décès lié au traitement a été observé chez les patients sous cabazitaxel qui expose, de plus, à un risque élevé d’interactions avec de nombreux médicaments. L’ensemble de ces données ne justifie pas de recourir au cabazitaxel, qui ne devrait être utilisé que dans le cadre d’essais cliniques rigoureux. Mieux vaut se concentrer sur des soins palliatifs de qualité, en cas d’échec thérapeutique ».

De plus, depuis cette étude pivot aux résultats incertains et malgré les huit ans écoulés, aucun essai randomisé n‘a retrouvé le bénéfice de survie annoncé…

 

AMM ET PERTE D’INDEPENDANCE DE LA FRANCE

Ce n’est plus la France qui décide d’autoriser un médicament à la vente sur son propre territoire, mais l’EMA, agence du médicament de l’Union Européenne. Tout médicament autorisé par l’EMA l’est obligatoirement sur le territoire de la nation, le rôle de l’agence française ayant été réduit à celui d’une chambre d’enregistrement.

La défaillance de l’EMA qui a délivré l’autorisation de mise sur le marché à un médicament inutile et toxique sur la foi d’un unique essai de phase III -et n’a pas voulu la remettre en cause malgré l’absence d’études complémentaires précisant les points litigieux- est attristante.

Elle confirme que son objectif prioritaire est devenu le soutien à l’industrie sous prétexte de favoriser l’innovation.

L’innovation n’est pas pourtant pas toujours synonyme de progrès ainsi qu’en témoigne l’invention de la bombe atomique. La mise sur le marché précipitée de drogues innovantes n’apporte trop souvent aucun bénéfice pour les malades et les expose à des toxicités parfois importantes.

Il faut que les agences du médicament reviennent à la mission pour laquelle elles ont été créées : la protection des populations. Un médicament ne doit être mis sur le marché que s’il est utile (d’après ses effets réels sur la durée de vie et la qualité de vie) et non dangereux, surtout lorsque ce médicament n’est pas l’unique possibilité thérapeutique (ce qui est le cas ici). Après traitement par docetaxel devenu moins efficace chez un patient donné, on peut en effet recourir à des soins palliatifs de qualité qui donnent souvent une meilleure qualité de vie que les anticancéreux, et voire à l’ abiratérone (Zitiga)[6], à l’Enzalutamide (Xtandi)[7] ou au retraitement avec le docetaxel, option possible en troisième intention pour les patients y ayant déjà bien répondu[8] [9]. Notons que l’intérêt de Zitiga* et Xtandi* est également très discutable et détaillé ailleurs.[10]

 

ESPACE DE LIBERTE DES AUTORITES FRANCAISES : LE TAUX DE REMBOURSEMENT AUTORISE ET LE PRIX ACCORDE

Pour protéger la population qui ne l’est plus suffisamment par l’agence du médicament de l’UE, notre gouvernement peut utiliser le refus du remboursement.

Dans un premier temps, suivant l’exemple des NICE britannique et québéquois, la ministre n’a pas autorisé le remboursement du Jevtana* dont le rapport coût-efficacité est trop élevé (dix fois plus cher que le docetaxel, son cousin, pourtant plus efficace et qui constitue toujours la chimiothérapie de référence!). Elle suivait ainsi l’avis de la Haute Autorité de Santé qui précise[11]    « JEVTANA apporte une amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV)».

Le laboratoire Sanofi a alors recouru à une campagne de pression grand public. Le journal « le Parisien » publia un article[12] déplorant le retard de décision de remboursement, sans mentionner les graves incertitudes sur l’utilité réelle du médicament, ni les liens d’intérêts du médecin interrogé[13], qui présentait le jevtana comme « médicament sans équivalent».

Un groupe de cancérologues s’appuyant sur l’AMM ont ensuite écrit au ministre[14] pour demander le remboursement, oubliant eux aussi de mentionner leurs liens d’intérêts[15] avec Sanofi-Aventis. Puis, une association de malades très fortement dépendante de Sanofi[16] a interpellé l’opinion par un communiqué de presse relayé par l’agence France-Presse et France-Info. Il faut d’ailleurs souligner que les experts de son comité scientifique sont presque tous très largement rémunérés par Sanofi12.

 

LE MINISTERE A PLIE DEVANT LE LOBBY : REMBOURSEMENT ET PRIX DELIRANT

La responsabilité de nos décideurs politiques est considérable. Au lieu de rappeler l’état actuel de la science : l’utilité non prouvée pour les malades et la toxicité de ce produit, la ministre accepta finalement le remboursement à 5000 euros le mois. Et ce, sans rappeler les liens d’intérêts des intervenants qui auraient éclairé leurs motivations[17].

En France le ministère par son Comité économique des produits de santé fixe les prix. Le coût d’un traitement par Jevtana* atteint près de 5000 euros par mois et par patient (contre 500 pour le docetaxel).

 

ARME ABSOLUE CONTRE PRIX DELIRANTS : LA LICENCE OBLIGATOIRE

Dans les négociations, le ministre dispose d’une arme absolue : la licence obligatoire prévue dans les accords de l’OMC. En cas de médicament considéré comme vital, tout gouvernement peut suspendre l’application du brevet pour permettre à sa population de bénéficier des traitements à un prix équitable.

Le prix actuel des médicaments menace directement notre système de protection sociale, notre compétitivité industrielle (du fait des charges sociales qu’il contribue à augmenter), et la vitalité de notre économie par les prélèvements obligatoires supplémentaires des mutuelles santé et du RDS qui assèchent le pouvoir d’achat de la population.

Depuis plus de dix ans nous gouvernants ruinent la sécurité sociale par une politique aberrante (ou complice ?14) de prix. Le Jevtana* va couter près de 100 millions d’euros à la collectivité en 2016 pour un bénéfice nul pour les malades. Incompétence ? Manque de courage politique ? Corruption ? Quelles qu’en soient les raisons, cette politique du « tout pour big pharma », si on la poursuit entrainera à terme la faillite de la sécurité sociale.

POLITIQUE NON INÉLUCATBLE

Les pays anglo-saxons (Angleterre, Australie, Québec..) se sont dotés d’Instituts Nationaux d’Excellence en Santé (NICE), qui n’acceptent le remboursement que si le rapport efficacité/prix est raisonnable. Quand choisira-t-on en France une politique favorable aux patients plutôt qu’aux financiers ?

 

[1] Cf les bonnes   Cancer questions à poser à mon médecin N et G Delépine éditions Michalon 2017 Page 152

[2] de Bono JS Prednisone plus cabazitaxel or mitoxantrone for metastatic castration-resistant prostate cancer progressing after docetaxel treatment: a randomised open-label trial. Lancet. 2010 Oct 2;376(9747):1147-54

[3] NICE Institut national d’excellence en santé

[4] Institut national d’excellence en santé du Québec, février 2015, avis de refus.

[5] « Cabazitaxel (Jevtana°). Trop toxique, pour une efficacité trop incertaine » Rev Prescrire 2011 ; 31 (336) :

[6] Fizazi, K. et abiratérone acetate for treatment of metastatic castration-resistant prostate cancer: final overall survival analysis of theCOU-AA-301 randomised, double-blind, placebo controlled

phase 3 study. Lancet Oncol 2012 13: 983–992

[7] A S. Merseburger An update on enzalutamide in the treatment of prostate cancer Ther Adv Urol

2015, Vol. 7(1) 9–21

[8]R Petrioli, Is there still a place for docetaxel rechallenge in prostate cancer? World J Clin Oncol 2015 October 10; 6(5): 99-103

[9] M NAKANO effectiveness, low-dose docetaxel, estramustine and prednisolone combination

chemotherapy for castration-resistant prostate cancer. Molecular Clinical Oncology 4: 942-946, 2016

[10]   ibid réf 1 chapitre cancer de la prostate

[11] Avis 19 10 2011

[12] Le Parisien actualité du 28 4 2013 «  Jevtana, un médicament efficace mais… indisponible »

[13] dr Philippe Beuzeboc médecin à l’institut Curie lié financièrement avec les laboratoires Aventis et Jansen

[14] Lettre ouverte du 22 mai 2013

[15] La plupart d’entre eux sont rémunérés par Sanofi, comme Conseillers du laboratoire à un niveau financier que la loi ne permet pas de connaitre, car les contrats commerciaux ne sont pas déclarés sur le site « transparence-santé.gouv ».

[16] A ce jour les sponsors pharmaceutiques déclarés de l’association Anamacap sont Sanofi (47500 euros) et Amgem (5000 euros).

[17] Les arrêtés d’application signés par MS Touraine ont exclu les contrats commerciaux de la déclaration obligatoire prévue par la loi anti corruption de 2011 prolongeant ainsi l’opacité des conflits d’intérêts.

Sutent* (sunitinib) dans le cancer du rein

Dr G Delépine, chirurgien, oncologue et statisticien

L’histoire du sutent* et du cancer du rein illustre l’inefficacité des agences de régulation du médicament et les conséquences de la politique menée par le ministère de la santé depuis plus de 15 ans privilégiant l’industrie au détriment des malades et de notre système de santé solidaire.

Le sutent (sunitinib) est un « antityrosine kinase » qui inhibe les récepteurs épithéliaux de facteur de croissance vasculaire (VEGFRs) et est susceptible de ralentir ainsi la croissance des cancers.

Il a bénéficié une AMM européenne en 2007 puis d’une AMM par la FDA en janvier 2008 sur la foi d’un essai pivot[1] réalisé par des auteurs liés financièrement au laboratoire. Cet essai proclamait une amélioration substantielle de la médiane de survie sans progression (11 mois contre 5) mais sans bénéfice significatif sur la survie globale. En aout 2009 un article des mêmes auteurs, affirmait une amélioration de la durée médiane de survie (26.4 mois contre 21.8) sur 750 patients inclus dans 101 centres sur 5 continents[2] [3]. Mais les conclusions de cette dernière étude étaient incertaines du fait de nombreux biais détaillés par M. Stadler [4].

Ces incertitudes sur les résultats du sutent ont été renforcées en 2015, par l’analyse finale de l’étude « global expanded access » portant sur 4543[5] patients traités par SUTENT. Le taux de réponse objective n’est que de 16% et la survie médiane ne dépasse pas 18.7 mois ,c’est-à-dire égale ou inférieure à la durée médiane de survie des malades traités par interféron seul dans les études de Atzpodien(2002)[6] et Escudier (2010)[7]. Les dernières publications sur le sutent évaluent à 23-24 mois la durée médiane de survie [8], mais les malades métastatiques traités récemment bénéficient plus fréquemment qu’auparavant de néphrectomie qui augmente la durée de survie et l’espérance de guérison, rendant les comparaisons historiques trompeuses.

Ces résultats incertains ont relégué le sutent en deuxième ligne thérapeutique , après échec d’autres thérapeutiques ciblées telles que le sorafénib[9] sans que son impact réel sur la survie des patients ne puisse être clairement prouvé mais il reste curieusement recommandé en première ligne thérapeutique par l’NCCN en 2016[10]

Cette efficacité très incertaine du Sutent sur la survie globale des malades souffrant de cancers métastatiques est confirmée par l’inefficacité certaine en situation adjuvante telle qu’elle a été démontrée par l’étude Assure[11].

Il faut aussi tenir compte des complications du Sutent : épuisement (18% des malades traités), hypertension, (16%), syndrome pied main (33%), diarrhées (10%), hypothyroïdie sévère5 (4%), baisse des plaquettes sanguines (10%), et des globules blancs (7%), phlébites et embolies (1.3%)[12], accidents cardiaques et toxicité hépatique pouvant entraîner la mort. Des complications sévères nécessitant une prise en charge médicale ont émaillé les traitements de 57% des patients obligeant les médecins à réduire les doses initialement prescrites de 50 mg à 37.5 mg.

En aout 2015, J.Larkin Paine A, Foley G, Mitchell S, Chen[13] (tous employés ou fortement liés au laboratoire commercialisant le Sutent) n’hésitaient pourtant pas à prétendre : « les résultats de notre méta analyse suggèrent qu’il n’existe pas de traitement meilleur que le Sunitinib en première ligne du traitement du cancer du rein avancé » !!. Faut-il voir ici une tentative de sauver les ventes en faisant oublier les résultats récemment publiés?

Pour les patients, seul compte le bénéfice clinique réel. Un traitement utile n’est pas celui qui obtient seulement une « réponse transitoire » définie sur l’imagerie médicale, mais celui qui guérit le malade ou au moins augmente considérablement la durée de sa survie globale en maintenant des conditions de vie confortables. Or, à ce jour, l’examen critique de la littérature montre que ce n’est pas les cas du Sutent. N’apportant aucun espoir de guérison, très peu ou pas efficace sur l’amélioration de l’espérance de survie ni sur sa durée médiane, toxique et très cher, le Sutent* ne paraît plus justifier les AMM, ni les recommandations actuelles.

Les insuffisances des agences de régulation qui ont autorisé la mise sur le marché d’un médicament globalement inutile et toxique sur un critère subjectif (durée de stabilisation tumorale) sont criantes. Il est grand temps qu’elles se consacrent de nouveau à la mission pour laquelle elles ont été créées : la protection sanitaire des populations et qu’elles arrêtent de soutenir prioritairement l’industrie (« l’innovation » ne constitue pas toujours un progrès !). Un médicament ne doit être mis sur le marché que s’il est utile (cliniquement efficace) et peu dangereux.

La responsabilité de nos décideurs politiques est écrasante. Depuis plus de dix ans, ils ruinent la sécurité sociale par une politique aberrante (ou complice ?) de prix. Le prix de ce médicament de 5675 euros par cycle de 6 semaines, aboutit à un coût annuel moyen par malade d’environ 50.000 euros… Incompétence ? Manque de courage politique ? Corruption ? Quelle qu’en soit la raison, cette politique du « tout pour big pharma », si on la poursuit entrainera à terme la disparition de la sécurité sociale.

 

 

[1] Motzer et coll. Sunitinib versus interferon alfa in metastatic renal-cell carcinoma. N Engl J Med. 2007 Jan 11;356(2):115-24

[2] Motzer. et al. (2009) Phase I trial of sunitinib malate plus interferon-alpha for patients with metastatic renal cell carcinoma. Clin GenitourinCancer 7: 28–33

[3] R Motzer et coll Overall Survival and Updated Results for Sunitinib Compared With Interferon Alfa in Patients With Metastatic Renal Cell Carcinoma J Clin Oncol. 2009 Aug 1; 27(22): 3584–3590

[4] M. Stadler Effective Therapy for Metastatic Renal Cancer, Whither to Now J Clin Oncol. 2009 27 no. 22 3573-3574

[5] M E Gore Final results from the large sunitinib global expanded-access trial in metastatic renal cell carcinoma British Journal of Cancer (2015) 113, 12–19

[6] J. Atzpodien et coll Thirteen-year, long-term efficacy of interferon 2α and interleukin 2-based home therapy in patients with advanced renal cell carcinoma CancerVolume 95, Issue 5, pages 1045–1050, 1 September 2002

[7] Escudier Phase III trial of bevacizumab plus interferon alfa-2a in patients with metastatic renal cell carcinoma (AVOREN): final analysis of overall survival J Clin Oncol. 2010 May 1;28(13):2144-50

[8] Daniel Keizman, Is There a « Trial Effect » on Outcome of Patients with Metastatic Renal

Cell Carcinoma Treated with Sunitinib? Cancer Res Treat. 2016;48(1):281-287

[9] Eichelberg, et al. (2008) Sequential use of the tyrosine kinase inhibitors sorafenib and sunitinib in metastatic renal cell carcinoma: a retrospective outcome analysis. Eur Urol 54: 1373–1378.

Eichelberg, C et al. (2015) SWITCH: a randomized, sequential, open-label study to evaluate the efficacy and safety of sorafenib-sunitinib versus sunitinib-sorafenib in the treatment of metastatic renal cell cancer. Eur Urol 68: 837–847.

[10] NCCN Panel Members (2016a) NCCN Guidelines Kidney Cancer. Version 2.2016.

N.B.Haas initial results from ASSURE (E2805): Adjuvant sorafenib or sunitinib for unfavorable renal carcinoma, J Clin Oncol 33, 2015 suppl 7[11]

[12] Toni K. Choueiri Risk of Arterial Thromboembolic Events With Sunitinib and Sorafenib: A Systematic Review and Meta-Analysis of Clinical Trials J Clin Oncol 28:2280-2285. © 2010

[13] Larkin J1, et coll. Expert Opin Pharmacother. 2015 Aug;16(12):1755-67. First-line treatment in the management of advanced renal cell carcinoma: systematic review and network meta-analysis

Le tarceva* (erlotinib) dans le cancer du poumon

L’histoire du tarceva et du cancer du poumon montre les insuffisances des agences de régulation du médicament et les conséquences de la politique menée par le ministère de la santé depuis plus de 15 ans qui favorise l’industrie aux dépens des malades.

Le tarceva* est un « anti-tyrosine kinase » qui inhibe les récepteurs épithéliaux du facteur de croissance HER1/EGFR et susceptible de ralentir ainsi la croissance des cancers en particulier broncho-pulmonaires.

Il a bénéficié d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) par la FDA en Novembre 2004[1] sur la foi de l’étude pivot BR21 affirmant sur 731 patients que son administration prolongeait la survie des malades de 2 mois[2] (6.7 mois contre 4.7 sans traitement).

En 2009 il recevait une extension d’AMM après publication de l’essai Saturn[3] proclamant qu’il prolongeait de 10 jours la durée de non progression de la maladie et de 1 mois la survie globale. Mais ces deux essais, s’ils affirmaient que tarceva était un peu efficace sur la maladie, ne prouvaient pas qu’il pouvait être utile aux malades.

Pour les patients, seul compte le bénéfice clinique réel. Un traitement utile n’obtient pas seulement une « réponse transitoire » définie sur l’imagerie médicale, mais guérit le malade ou au moins augmente considérablement la durée de sa survie globale en maintenant des conditions de vie confortables.

Or, à ce jour, l’examen critique de la littérature montre que le tarceva* ne parvient ni à guérir les malades ni à prolonger utilement leur survie.

De nombreux essais randomisés ont étudié l’effet Tarceva*, seul ou en association à une chimiothérapie en première ligne thérapeutique ou après échec de traitements ou en maintenance chez des malades sans sélection génétique. Aucun n’a pu mettre en évidence une utilité réelle du tarceva* pour ces malades

L’essai TALENT[4] comportait un traitement d’attaque de 6 cycles de la triple association gemcitabine-cisplatin- tarceva*, suivi d’un tirage au sort des 1172 malades entre une simple surveillance ou la poursuite du tarceva*. La durée médiane de survie des malades recevant le placebo est supérieure (44 semaines) à celle des malades traités par tarceva* (43 semaines).

Dans l’essai TRIBUTE[5] l’association d’erlotinib à la chimiothérapie n’augmente ni la durée de stabilisation tumorale (10.6 mois v 10.5), ni la survie globale (5.1 mois vs 4.9).

Une macro analyse des essais associant les thérapies ciblées à la chimiothérapie en première ligne[6] confirme que l’adjonction de tarceva ne prolonge pas la survie globale et aggrave la toxicité du traitement.

Dans l’essai RADIANT[7] portant sur 973 patients souffrant de tumeurs opérables le traitement par tarceva adjuvant (après traitement local) n’améliore ni la durée de rémission (50.5 mois vs 48.2) ni la survie globale.

L’essai TAILOR[8] a comparé l’erlotinib au docetaxel comme seconde ligne de traitement et démontré que le docetaxel est plus efficace que l’erlotinib (survie médiane 8.2 mois versus 5.4 mois).

L’essai japonais DELTA[9] confirme que tarceva donne des résultats inférieurs au docetaxel tant sur la médiane de stabilisation (1.3 mois contre 2.9 mois pour le docetaxel ) que pour la survie globale (9.0 mois contre 10.1)

Dans l’essai ATLAS[10] portant sur 1145 malades l’ajout de tarceva* à la maintenance par l’avastin* augmente la durée de stabilisation tumorale de 1 mois (3.7 mois vs 4.8) mais n’augmente pas significativement la survie globale (13.3 vs 14.4 mois)

J Rigas a présenté les résultats de l’essai « maintenance Tarceva*.Tous les malades ont été traités par chimiothérapie avec radiothérapie suivie de randomisation entre Tarceva* et placebo. L’essai fermé après inclusion de 253 patients a démontré que la médiane de survie des malades sans traitement est supérieure (26.9 mois) à celle des malades recevant du Tarceva* (23.6 mois)!

L’essai IUNO[11] sur 643 patients a montré qu’il n’y a aucun bénéfice à entreprendre une maintenance par tarceva après stabilisation par chimiothérapie. Les agences européenne et canadienne du médicament ont précisé qu’une telle maintenance était nocive[12] et ont restreint en conséquence son autorisation.

L’essai TOPICAL[13] a comparé l’effet du tarceva* à l’absence de traitement chez 670 malades qui ne pouvaient pas supporter une chimiothérapie. Le tarceva* n’améliore pas la durée moyenne de survie (3.7 mois vs 3.6) ni l’espérance de vie à un an (15% vs 14%).

Au total, à l’exception des études pivots dont les résultats étonnamment favorables n’ont été confirmés par aucun autre essai randomisé, le traitement par tarceva n’apporte aucun bénéfice de survie globale chez les patients dont l’expression du récepteur au facteur de croissance épidermique était négative ou indéterminée. Chez ces malades la balance bénéfice-risque est donc défavorable et contre -indique l’usage de ce médicament.

Patients dont les tumeurs présentent des mutations activant le gène EGFR

Dans l’étude pivot BR21, le sous-groupe de 49 patients présentant des mutations activant le du gène EGFR était particulièrement sensible au tarceva: ceux qui prenaient Tarceva (22 patients) ont vécu en moyenne 44,6 semaines sans aggravation de leur maladie, contre 13 semaines chez ceux qui prenaient le placebo (27 patients). Cette sensibilité particulière a justifié les nombreuses recommandations d’utiliser les TKI chez ces malades. Pourtant, avec le recul dont on dispose en 2017 , l’utilité réelle du tarceva mesurée par son action sur la survie globale reste très incertaine dans la quasi-totalité des essais publiés.

Dans l’essai Radiant précédemment cité7 , 161 patients souffraient de tumeurs porteuses de mutation EGFR ou Kras. L’analyse de ces sous-groupes de malades ne fait apparaître aucun bénéfice significatif de survie lié au tarceva.

Dans l’essai EURTAC[14] (sur 174 patients aux tumeurs porteuses de mutation EGFR), l’association d’erlotinib à la chimiothérapie prolonge la durée de non progression tumorale (9.7 mois vs 5.2), mais n’augmente pas la survie globale (43 semaines chez les patients qui reçoivent l’association erlotinib +chimiothérapie contre 44.1 chez ceux traités par chimiothérapie seule).

Dans l’essai OPTIMAL (CTONG0802)[15], comparant, en première ligne, le tarceva à la chimiothérapie par carboplatin plus gemcitabine chez 165 patients chinois porteurs de mutation EGFR , la SSP médiane est plus longue chez les patients traités par tarceva ( 13.1 mois vs 4.6) mais leur survie globale est moindre (22.6 mois vs 28.8 pour les malades traités par chimiothérapie)

Dans l’essai ENSURE[16], 217 patients porteurs de mutation EGFR ont été tirés au sort pour être traités par tarceva (110 ) ou par chimiothérapie (107). Là encore, la SSP médiane est plus longue chez les patients traités par tarceva ( 11 mois vs 5.5) mais la survie globale n’est pas significativement améliorée.

L’étude ML20650 a comparé TARCEVA à une chimiothérapie à base de sels de platine chez des patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules localement avancé ou métastatique non préalablement-traités et dont la tumeur présente une mutation EGFR (délétion de l’exon 19 ou mutation de l’exon 21) sur 154 patients caucasiens. La médiane de survie sans progression atteint 9,4 mois dans le groupe TARCEVA contre 5,2 mois dans le groupe chimiothérapie mais là encore sans amélioration significative de la survie globale

Dans la littérature, , un seul article (FASTACT-2[17]) rapporte un bénéfice significatif de survie globale (31.4 mois vs 20.6) chez les patients dont l’expression du récepteur au facteur de croissance épidermique est positive . Même chez ces malades la balance bénéfice-risque est donc peu favorable contrairement à ce que de nombreux articles prétendent en brandissant comme « preuve » le gain éventuel de survie sans progression. Pour les cancers du poumon, comme pour les autres tumeurs solides une cible et une thérapie ciblée telle que le tarceva n’aboutissent pas souvent à un traitement utile d’autant que la « bonne tolérance » prétendue des thérapies ciblées est un mythe.

Les insuffisances des agences de régulation qui ont autorisé la mise sur le marché d’un médicament globalement inutile et toxique sur un critère subjectif (durée de stabilisation tumorale) sont criantes. Il est grand temps qu’elles se consacrent de nouveau à la mission pour laquelle elles ont été créées : la protection sanitaire des populations et qu’elles arrêtent de soutenir l’industrie (« l’innovation »). Un médicament ne doit être mis sur le marché que s’il est utile (cliniquement efficace) et peu dangereux.

La responsabilité de nos décideurs politiques est écrasante. Depuis plus de dix ans ils ruinent la sécurité sociale par une politique aberrante (ou complice ?) de prix. D’après la Cnam le coût d’un traitement par le Tarceva atteint 27 000 euros par an et par patient alors que son prix équitable est de 240 dollars[18] , comme l’Inde le démontre. Incompétence ? Manque de courage politique ? Corruption ? Quelle qu’en soit la raison cette politique du « tout pour big pharma », si on la poursuit entrainera à terme la disparition de la sécurité sociale.

 

 

[1] pour le traitement de seconde ligne des cancers avancés après échec de chimiothérapie

[2] F A. Shepherd Erlotinib in Previously Treated Non–Small-Cell Lung Cancer N Engl J Med 2005;353:123-32.

[3] Garassino MC et al. Erlotinib versus docetaxel as second-line treatment of patients with advanced non-small-cell lung cancer and wild-type EGFR tumours (TAILOR): a randomised controlled trial. Lancet Oncol. 2013;14(10):981–988

[4] U Gatzemeier et al Phase III Study of Erlotinib in Combination With Cisplatin and Gemcitabine in Advanced Non–Small-Cell Lung Cancer: The Tarceva Lung Cancer Investigation Trial Clin Oncol 25:1545-1552. © 2007

[5]R S. Herbst TRIBUTE: A Phase III Trial of Erlotinib Hydrochloride (OSI-774) Combined With Carboplatin and Paclitaxel Chemotherapy in Advanced Non–Small-Cell Lung Cancer J Clin Oncol 23:5892-5899. © 2005,

[6]OuYang P et al. Combination of EGFR-TKIs and chemotherapy as first-line therapy for advanced NSCLC: a meta-analysis. LoS One. 2013 Nov 13;8(11)

[7] K Kelly Adjuvant Erlotinib Versus Placebo in Patients With Stage IB-IIIA Non–Small-Cell Lung Cancer (RADIANT): A Randomized, Double-Blind, Phase III Trial J Clin Oncol 33:4007-4014. © 2015

[8].Garassino MC Erlotinib versus docetaxel as second-line treatment of patients with advanced non-small-cell lung cancer and wild-type EGFR tumours: a randomised controlled trial. Lancet Oncol. 2013 Sep;14(10):981-8.

[9] Tomoya Kawaguchi Randomized Phase III Trial of Erlotinib Versus Docetaxel As Second- or Third-Line Therapy in Patients With Advanced Non–Small-Cell Lung Cancer: Docetaxel and Erlotinib Lung Cancer Trial (DELTA) J Clin Oncol 32:1902-1908. © 2014

[10] B. E. Johnson, ATLAS: Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled, Phase IIIB Trial Comparing Bevacizumab Therapy With or Without Erlotinib, After Completion of Chemotherapy, With Bevacizumab for First-Line Treatment of AdvancedNon–Small-Cell Lung Cancer J Clin Oncol 31:3926-3934. © 2013

[11] Saulius Cicènas   Maintenance erlotinib versus erlotinib at disease progression in patients with advanced non-small-cell lung cancer who have not progressed following platinum-based chemotherapy (IUNO study) Lung Cancer 102 (2016) 30–37

[12] 17 December 2015 EMA/CHMP/816728/2015 Committee for Medicinal Products for Human Use (CHMP) Assessment report

[13] S M Lee First-line erlotinib in patients with advanced non-small-cell lung cancer unsuitable for chemotherapy (TOPICAL): a double-blind, placebo-controlled, phase 3 trial Lancet Oncol. 2012 Nov; 13(11): 1161–1170.

[14] R Rosell Erlotinib versus standard chemotherapy as first-line treatment for European patients with advanced EGFR mutation-positive non-small-cell lung cancer (EURTAC): a multicentre, open-label, randomised phase.. The Lancet Oncology 2012 13 3 239-246

[15] Zhou C, Overall survival results from OPTIMAL, a phase III trial of erlotinib versus carboplatin plus gemcitabine as first-line treatment for Chinese patients with EGFR mutation-positiveadvanced non-small cell lung cancer J Clin Oncol 2012; 30: Suppl., 48

[16]Wu YL et al. First-line erlotinib versus cisplatin/gemcitabine in patients with advanced EGFR mutation-positive non-small-cell lung cancer: interim analyses from ENSURE study. J Thoracic Oncol 2013; 8: Suppl. 2, S603.

[17] Y L Wu Intercalated combination of chemotherapy and erlotinib for patients with advanced stage non-small-cell lung cancer (FASTACT-2): a randomised, double-blind trial.Lancet oncology 2013 13 8 777-786

[18] Hill A, Gotham D, Fortunak J, et al. Target prices for mass production of tyrosine kinase inhibitors for global cancer treatment. BMJ Open 2016;6:e009586. doi:10.1136/bmjopen-2015-009586

Le votrient* dans le cancer métastatique du rein

L’histoire du votrient* (pazopanib) et du cancer du rein mérite d’être contée tant elle est démonstrative des dérives des agences de régulation, de certaines sociétés savantes et de la politique du médicament menée par de nos dirigeants.

Le votrient (pazopanib) est un « Inhibiteurs de protéines kinases) » avec une activité antiangiogénique visant les récepteurs du facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGFR1, VEGFR2, et VEGFR3), les récepteurs du facteur de croissance plaquettaire (PDGFRα et PDGFRβ) et le récepteur du facteur de cellule souche (c-KIT). Il est supposé entraîner ainsi la régression tumorale.

L’AMM du Pazopanib a été approuvée en première intention pour le cancer métastatique du rein par la Food and Drug Administration (FDA) américaine le 19 octobre 2009 puis par l’agence européenne du médicament (EMA) le 14 juin 2010 sur la foi de la « pivotal randomized phase III study » (VEG105192). Cette étude pivot proclamait une stabilisation de la tumeur avec Votrient* par rapport au placebo[1] (9,2 mois versus 4,2 mois) mais sans augmentation significative de la médiane de survie globale.

Cet essai montrait que Votrient* était un peu efficace sur la maladie mais ne démontrait pas qu’il pouvait être utile aux malades. Pour apporter un réel bénéfice aux malades, un médicament doit non seulement être efficace, mais aussi peu toxique. Or cet essai avait évalué le médicament sur peu de malades (en tout 290 malades traités par votrient*), suivis peu de temps (durée médiane de suivi de 18 mois), ne permettant donc pas d’évaluer réellement, ni l’effet sur la survie globale, ni les toxicités. La publication initiale prétendait que la toxicité était faible, mais la pratique clinique ultérieure a malheureusement démenti ces affirmations optimistes. Le traitement par Votrient*[2] expose à des accidents cardiaques (dont des infarctus du myocarde parfois mortels)[3] [4], des atteintes hépatiques (3.8%)[5]qui peuvent entraîner la mort, des thromboses veineuses et artérielles (3%), des embolies[6], des diarrhées (3%), des hémorragies (15%), des hypertension (4o%), des nausées (26%), et vomissements (21%) [7], des perforations gastriques et fistules gastro-intestinales (0.5%)[8], des pancréatites[9], une anorexie parfois symptomatique d’une hypothyroïdie, des syndromes de leuco encéphalopathie postérieure réversible (SLPR) qui peut avoir une issue fatale, un changement de couleurs de cheveux (38%) …

En octobre 2010, le Nice anglais estimait que le rapport bénéfice risque était trop faible pour justifier la prise en charge, avis partagé l’année suivante en France par la Haute autorité de santé[10] et confirmé lors d’un second examen du dossier[11] deux ans plus tard. Le Pharmaceutical Benefits Advisory Committee australien[12] a également refusé le remboursement en motivant sa décision en ces termes « globalement le PBAC considère que la prétention d’une efficacité supérieure (du Votrient* par rapport au placebo) sur la survie globale n’est pas suffisamment argumentée. Par contre la toxicité plus importante est certaine ».

Sur les nombreux articles rapportant les résultats de l’utilisation de Votrient[13] dans le traitement du cancer du rein métastatique, aucun n’a confirmé l’ampleur du gain de stabilisation tumorale de l’étude pivot, ni mis en évidence d’amélioration significative de survie globale, que ce soit en pourcentage ou en durée[14]. Cela n’est guère étonnant dans la mesure où le laboratoire clame que le Votrient* est « aussi efficace » que le Sorafenib dont l’incapacité à améliorer la survie globale a été démontrée.

L’augmentation du pourcentage de guérison, ou au moins la prolongation significative de la survie sont les principales demandes des malades et constituent pour cette raison l’étalon or de l’utilité clinique d’un médicament. Le Votrient*, ne remplissant aucun de ces objectifs, se révèle donc inutile et justifie pleinement l‘avis de la HAS lors du refus de son remboursement : « avis défavorable au remboursement Votrient* en raison d’un intérêt clinique non démontré dans le traitement du cancer du rein au stade avancé ». D’autant plus que sa toxicité importante expose le malade à des complications graves, parfois mortelles. On comprend donc mal que ce médicament ne soit pas retiré du marché et encore moins qu’il soit remboursé[15]

Les liens d’intérêts de certains de leurs experts avec les entreprises du médicament expliquent peut-être que de trop nombreux articles mais aussi de prestigieuses sociétés telles que l’Association Française d’Urologie[16], la société européenne d’oncologie médicale (ESMO)[17] et la société européenne d’urologie (EAU)[18] conseillent le Votrient* en première ligne de traitement des cancers du rein métastatiques. Alors qu’il ne guérit aucun malade, qu’il est incapable de prolonger significativement la survie des malades traités et que sa toxicité diminue leur qualité de vie.

L’autorisation de mise sur le marché du Votrient* illustre la dérive des agences américaine et européenne du médicament. Créées pour protéger la population des dangers des traitements inutiles ou dangereux, elles se consacrent depuis trop longtemps au soutien de l’innovation aux dépens de leur mission première en confondant innovation et progrès. Ces agences sanitaires devraient à nouveau se réorienter prioritairement vers la sécurité sanitaire et ne plus mettre sur le marché des médicaments inutiles. Dans ce panorama attristant, il faut féliciter la Haute Autorité de Santé dont les avis « VOTRIENT* n’apporte pas d’amélioration du service médical rendu dans le cancer du rein avancé ou métastatique » se sont donc révélés plus pertinents que ceux de la FDA ou de l’Agence européenne.[19]

Cette triste histoire montre aussi l’inefficacité de la politique du médicament menée depuis plus de 15 ans. Car ce médicament inutile et dangereux est payé à un prix vingt fois plus cher que les chimiothérapies conventionnelles[20]! A cause de son prix, le système de sécurité sociale anglais l’a exclu du remboursement. En cette période où le déficit des systèmes solidaires de santé menace leur existence même, on ne peut plus tolérer ces prix. Le soutien à l’innovation, prétexté par le ministère de la santé pour justifier cette gabegie, ne vise en réalité qu’à satisfaire le lobby pharmaceutique[21]. Si un tel soutien était économiquement justifié[22], il ne devrait dépendre que des ministères de la recherche ou de l’industrie et ne pas grever le budget de la sécurité sociale.

Le Votrient* n’est malheureusement pas le seul médicament inutile, dangereux et hors de prix autorisé à la mise sur le marché depuis 15 ans. C’est près de 80% des thérapies innovantes qui sont dans ce cas ! Nous citerons d’autres exemples bientôt.

 

A SUIVRE…

[1] Cora N. Sternberg, Pazopanib in Locally Advanced or Metastatic Renal Cell Carcinoma: Results of a Randomized Phase III Trial J Clin Oncol 28:1061-1068. © 2010

[3] W-X Qi Congestive heart failure risk in cancer patients treated with vascular endothelial growth factor tyrosine kinase inhibitors: a systematic review and meta-analysis of 36 clinical trialsBr J Clin Pharmacol 2014 78:4 / 749

[4] F A B Schutz Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials for the Incidence and Risk of Treatment-Related Mortality in Patients With Cancer Treated With Vascular Endothelial Growth Factor Tyrosine Kinase Inhibitors J Clin Oncol 30:871-877. © 2012

[5] Santé Canada Sommaire des motifs de décision (SMD) 7 12 2010.

[6] Toni K. Choueiri Risk of Arterial Thromboembolic Events With Sunitinib and Sorafenib: A Systematic Review and Meta-Analysis of Clinical Trials

[7] Glaxo Smith Kline MONOGRAPHIE DE PRODUIT février 2015

[8] From FDA report

[9] Russano et al. BMC Research Notes (2015) 8:196

[10] Avis du 2 février 2011

[11] Avis du 26 juin 2013.

[12] . November 2012 PBAC Meeting

[13] R J. Motzer Pazopanib versus Sunitinib in Metastatic Renal-Cell Carcinoma n engl j med 2013 369;8

[14]Cora N. Sternberg A randomised, double-blind phase III study of pazopanib in patients with advanced and/or metastatic renal cell carcinoma: Final overall survival results and safety updateE J C April 2013 49, 6, 1287–1296

[15], A ce jour l’indication « cancer du rein métastatique » figure encore dans le dictionnaire Vidal

[16]J.Patarda Recommandations en onco- urologie 2013 Progrès en Urologie (2013), Suppl. 2 S177-S204

[17]B. Escudier Renal cell carcinoma: ESMO Clinical Practice Guidelines Annals of Oncology 27 (Supplement 5): v58–v68, 2016

[18] EAU Renal Cell Cancer Guidelines Panel 2016

[19] C Sacha I. Rothschild cancer du rein à un stade avancé – options thérapeutiques actuelles Forum Med Suisse 2013;13(8):154–158

[20] En France, son utilisation revient à environ 3 000 euros par mois.

[21] S RaderRivasi Berthole geoffroy le racket du lobby pharmaceutique

[22] En 2015 l’industrie pharmaceutique a réalisé 70 milliards de dollars de bénéfice presqu’intégralement reversé aux actionnaires les dépenses en recherche ne représentant même pas ma moitié de cette somme !

L’avastin dans le cancer du sein

L’histoire de l’avastin et du cancer du sein mérite d’être connue tant elle est révélatrice des dérives des agences de régulation et de la politique du médicament menée par nos dirigeants.

L’avastin est un « anti angiogenèse » qui diminue la vascularisation des tumeurs malignes et est supposé entraîner ainsi leur destruction. Il constitue un blockbuster mondial avec des ventes cumulées de plus de 50 milliards de dollars (dont 5 milliards en 2015).

Il a bénéficié d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) par la FDA selon une procédure accélérée sur la foi de l’étude pivot E2100[1] affirmant que son association avec une chimiothérapie par Placitaxel prolongeait la stabilisation de la maladie pendant plusieurs mois (11 mois contre 5 pour la chimiothérapie seule).

Deux ans plus tard, il recevait une extension d’AMM après publication d’un nouvel essai proclamant que son association au doceplaxel[2] prolongeait la durée de non progression de la maladie (11 mois contre 8 pour la chimiothérapie seule).

Mais ces deux essais, s’ils affirmaient que l’Avastin était un peu efficace sur la maladie, ne prouvaient pas qu’il pouvait être utile aux malades. Pour apporter un réel bénéfice aux malades, un médicament doit être non seulement efficace et mais aussi peu toxique. Or les procédures accélérées évaluent les médicaments sur peu de malades suivis peu de temps, ne permettant donc pas d’évaluer réellement ni les toxicités ni l’effet sur la survie globale. Lors des publications initiales, la durée médiane de suivi atteignait seulement 2 ans et leurs conclusions prétendaient que la part[3] de l’avastin était faible.

Malheureusement la toxicité importante de l’avastin a été largement mise en évidence par les études ultérieures[4]: Neutropénie fébrile ,hémorragies[5], hypertension, thromboses et embolies, fasciite nécrosante[6], perforation intestinale, cardiopathie (infarctus, insuffisance cardiaque) , toutes complications pouvant être mortelles[7] [8] chez 1 à 3,5 % des malades surtout lorsque leur chimiothérapie associée comporte des taxanes ou du platinium.

De plus, sur plus de la dizaine d’articles 1, 2, [9] [10] [11][12] [13] [14] [15] [16] rapportant les résultats de l’utilisation de l’avastin dans le traitement du cancer du sein, aucun n’a confirmé l’ampleur du gain de stabilisation tumorale des deux études initiales, ni mis en évidence d’amélioration significative de survie globale, que ce soit en pourcentage ou en durée.

L’augmentation du pourcentage de guérison ou au moins la prolongation significative de la survie sont les principales motivations des malades et constituent pour cette raison l’étalon or de l’utilité d’un médicament. L’avastin ne remplissant aucun de ces objectifs se révèle donc inutile. De plus sa toxicité importante contre-indique sa prescription et justifie pleinement le communiqué de la FDA lors du retrait de son AMM aux USA. « Aucune preuve d’efficacité de cet anti-cancéreux pour retarder la croissance de la tumeur des patients ou pour prolonger leur vie ne justifie que ce risque soit pris »[17]. Ce constat a été depuis partagé par l’ EMA et la HAS. On comprend donc mal que ce médicament puisse être encore utilisé dans cette indication[18] ou remboursé…

Cette autorisation hasardeuse de mise sur le marché d’un médicament inutile et dangereux illustre la dérive des agences du médicament. Créées pour protéger la population des dangers des traitements inutiles ou dangereux, elles se consacrent depuis plus de dix ans prioritairement au soutien de l’innovation aux dépens de leur mission première. Il ne faut pas confondre innovation et progrès. Les agences sanitaires devraient se réorienter vers la sécurité sanitaire et ne plus autoriser des médicaments inutiles.

Cette triste histoire montre aussi l’inefficacité de la politique du médicament menée depuis plus de 15 ans. Car ce médicament inutile et dangereux est payé à un prix cent fois plus cher que l’or[19]! A cause de son prix, le système de sécurité sociale anglais l’a exclu du remboursement. En cette période où le déficit des systèmes solidaires de santé menace leur existence même, on ne peut plus tolérer ces prix. Le soutien à l’innovation, prétexté par le ministère de la santé pour justifier cette gabegie ne vise en réalité qu’à satisfaire le lobby pharmaceutique[20]. Si un tel soutien était économiquement justifié[21], il ne devrait dépendre que des ministères de la recherche ou de l’industrie.

L’avastin n’est malheureusement pas le seul médicament inutile et dangereux autorisé depuis 15 ans. C’est près de 80% des thérapies innovantes qui sont dans ce cas ! Nous citerons d’autres exemples bientôt.

A SUIVRE…..

[1] Miller K. et al. Paclitaxel plus bevacizumab versus paclitaxel alone for metastatic breast cancer. N Engl J Med. 357, 2666–2676 2007

[2] Miles, D. W. et al. Phase III study of bevacizumab plus docetaxel compared with placebo plus docetaxel for the first-line treatment of human epidermal growth factor receptor 2-negative metastatic breast cancer. J Clin Oncol. 28, 3239–3247 (2010)

[3]

[4] Qin Li Efficacy and Safety of Bevacizumab Combined with Chemotherapy for Managing Metastatic Breast Cancer: A Meta- Analysis of Randomized Controlled Trials www.nature.com/scientificreports 2015 27 10

[5]XF Hang Risk of high-grade bleeding in patients with cancer treated with bevacizumab: a meta-analysis of randomized controlled trials

[6] Communication au public Santé Canada 2 mai 2013

[7] Hongxin Huang An Updated Meta-Analysis of Fatal Adverse Events Caused by Bevacizumab Therapy in Cancer Patients PLOS ONE March 2014 | Volume 9 | Issue 3 | e89960

[8] Vishal Ranpura, Treatment-RelatedMortality WithBevacizumab in Cancer Patients A Meta-analysis JAMA. 2011;305(5):487-494

[9] von Minckwitz G Survival after neoadjuvant chemotherapy with or without bevacizumab or everolimus for HER2-negative primary breast cancer (GBG 44-GeparQuinto)†. Ann Oncol. 2014 Dec;25(12):2363-72

[10] Cortes-Funes H, Pritchard KI, Biganzoli L et al. Multinational study (n=2041) of first-line bevacizumab (Bev) plus taxane-based chemotherapy (CT) for locally recurrent or metastatic breast cancer (LR/mBC): updated results of MO19391. Eur Cancer Suppl 2009; 7: 265 (Abstr 5017).

[11] Cameron D. Bevacizumab in the first-line treatment of metastatic breast cancer. Eur J Cancer Suppl 2008; 6 (6): 21–28

[12] Pivot X, Verma S, Thomssen C, Passos-Coelho JL, Latini L, Ciruelos E, et al. Clinical benefit of bevacizumab (BV) + first-line docetaxel (D) in elderly patients (pts) with locally-recurrent or metastatic breast cancer (mBC): AVADO study. J Clin Oncol 2009;27(Suppl.):abstract1094.

[13] Biganzoli L, Cortes-Funes H, Thomssen C, Pritchard KI, Pierga J, Kupp A, et al. Tolerability and efficacy of First-line bevacizumab (B) plus chemotherapy (CT) in elderly patients withadvanced breast cancer (aBC): subpopulation analysis of the MO19391 study. J Clin Oncol 2009;27(Suppl.):abstract 1032.

[14] Pierga J, Pritchard KI, Thomssen C, Cortes-Funes H, Biganzoli L, Padrik P, et al. Safety and efficacy of 1st-line bevacizumab (B) plus chemotherapy (CT) for locally recurrent or metastatic breast cancer (LR/mBC): analysis of MO19391 according to CT. J Clin Oncol 2009;27(Suppl.):abstract 1033.

[15] Valachis, A. et al. Bevacizumab in metastatic breast cancer: a meta-analysis of randomized controlled trials. Breast Cancer Res Treat. 122, 1–7 (2010).

[16] M Rodgers Bevacizumab in combination with a taxane for the first-line treatment of HER2-negative metastatic breast cancer Health Technology Assessment 2011; Vol. 15: Suppl. 1

[17] Communiqué du 21 11 2011 de Mme Hamburg, présidente de la FDA

[18] A ce jour l’indication « cancer du sein métastatique » figure encore dans le dictonnaire Vidal

[19] Au 15 02 2017 un gramme d’or coute 30 euros et un gramme d’avastin plus de 3000 euros ! En France, son utilisation revient entre 1 633 et 3 270 euros par mois.

[20] S RaderRivasi Berthole geoffroy le racket du lobby pharmaceutique

[21] En 2015 l’industrie pharmaceutique a réalisé 70 milliards de dollars de bénéfice presqu’intégralement reversé aux actionnaires les dépenses en recherche ne représentant même pas ma moitié de cette somme !

L’envolée du prix des médicaments innovants ne cesse d’agiter les médias[1] et les gouvernants[2] des pays riches, mais l’indignation apparente de ces derniers ne constitue souvent qu’un rôle de composition, car ils disposent des moyens légaux d’y remédier rapidement, et ne s’en servent pas. Nous illustrerons successivement l’augmentation des prix des médicaments anciens et celle des médicaments innovants, avant d’évaluer leur utilité réelle pour les malades, et d’analyser les causes de cette dérive dans les pays riches.

Nous rappelerons ensuite les moyens, dont nos gouvernants disposent pour mettre fin à ces dérives qui menacent directement notre système de soins solidaire.

L’augmentation des prix des médicaments anciens

L’explosion des prix des médicaments ne se limite pas aux médicaments innovants. Elle a commencé aux USA où les laboratoires sont libres de leur prix de vente. Ainsi, le prix du Daraprim, traitement de la toxoplasmose utilisé depuis 1953, a été multiplié par 750, passant de 1 à 750 dollars alors que sa version générique coûte actuellement 10 centimes en Inde. Le prix de la Cycloserine, antibiotique lancée en 1955 par le laboratoire américain Lilly a flambé, passant de 500 à 10800 dollars pour une boîte de 30 comprimés. Il en est de même de l’Isuprel utilisé depuis les années 60 (+ 525 %), du Nitropress connu depuis 1928 (+ 212 %), de la doxycycline (vibramycine) connu depuis 1957 et vendue 1 849 dollars contre 20 dollars il y a deux ans… JC Saint Onge signale qu’Ovation avait fait la culbute de la même façon en 2003, lors de la reprise d’un traitement pour la porphyrie, maladie orpheline faisant passer le prix d’une dose de 230 $ à 1900 $. Au Royaume-Uni, selon une association, la WDSG-UK (Wilson Disease Support Group United Kingdom), en l’espace de trois ans, l’augmentation du prix de la Trientine® est de 600%, pouvant atteindre plus de 70 000 € par an.Le record est détenu par le Canada avec la multiplication par dix du prix du Mustargen (Actinomycine D) chimiothérapie mise sur le marché dans les années 60[3].

En France, c’est l’agence du médicament européenne qui autorise et impose la mise sur le marché. Mais c’est le CEPS (Comité économique des produits de santé ministériel ) qui fixe les prix des médicaments, ce qui peut éviter de telles dérives pour les médicaments anciens. On peut cependant s’étonner de la hausse de 1000% (de 10 à 100 euros) accordée à l’avastin[4] lorsque son usage a été étendu au traitement de la dégénérescence maculaire.

Cette explosion des prix s’observe donc pour des molécules très anciennes très largement amorties, sans aucune justification de frais de recherche ou d’innovation. Actuellement aux USA, les prix des médicaments représentent la première cause de faillite personnelle.

 

L’explosion des prix des médicaments innovants

Encouragées par l’absence de réactions à ces augmentations injustifiables, les firmes ont utilisé leur puissance financière pour obtenir des prix invraisemblables[5] pour leurs médicaments nouveaux. Un lobbying intense leur a permis de faire modifier la mission même des agences sanitaires. Alors que ces agences ont été créées pour protéger la population en vérifiant l’efficacité et la sûreté des médicaments avant leur mise sur le marché, il leur est maintenant demandé de « soutenir l’innovation ».

Cette décision politique explique l’acceptation de prix aberrants. En 2012 aux USA, sur 12 nouveaux médicaments autorisés, 11 coûtaient plus de 100.000 dollars par an[6]. En France, l’étude des trois cancers les plus fréquents (les cancers du poumon et de la prostate chez l’homme et le cancer du sein chez la femme) est tout aussi démonstrative. [7]

Alors que le traitement du cancer métastatique du poumon par chimiothérapie bi drogue (qui constitue le traitement de référence) revient à moins de 150 euros par mois, le traitement par l’Avastin® coûte près de 4000 € par mois, le Tarceva®2500€, le Nexavar® 3500, € l’Iressa®2250€, le Xalkori 5777€…

Alors que le traitement du cancer métastatique du sein par Tamoxifène (traitement médical aujourd’hui encore le plus efficace) coûte 70 € par mois et celui par chimiothérapie bi drogue de référence comportant de l’Adriamycine® moins de 100 €, le traitement par l’Avastin® revient à 4000 € par mois, l’herceptine® environ 3500€, l’Afitinor ®3500€ et le Tyverb® 1300 €.

Le traitement classique du cancer métastatique de la prostate par hormonothérapie revient à 70 euros mensuel, contre 3250 € pour le Xtandi, 4100 € pour le Jevtana et 3500 € pour le Zitiga.

Aucun nouveau traitement de cancer n’est épargné par cette folle inflation des prix ainsi : le mélanome (le Yervoy ® coûte 14 000 € toutes les 3 semaines !), le cancer du rein (Sutent : 5352 €, Votrient* : 3210 €, l’Inlyta* : 5053 €), le cancer de la thyroide (Caprelsa : 4582 €), les cancers ORL (Erbitux 3 439€), le cancer du colon (Stivarga : 4594€, Vectibix : 3300€), le Glivec 3500 à 7000 € euros par mois…

Cette folle augmentation du prix des traitements récents ne touche pas que les traitements des cancers. Ainsi le traitement d’un malade pour hépatite par le Solvadi coûte 41000 euros à la sécurité sociale, les biothérapies de la maladie rhumatoïde entraînent un surcout de   10000 à 12000 € euros par malade et par an[8] par rapport aux associations efficaces classiques, les traitements proposés pour la maladie de Alzheimer plus de 10000 euros par malade et par an, et le coût de la vaccination par gardasil atteint presque 100 fois celui du vaccin antitétanique..

Mais encore plus scandaleux que ces prix cent fois plus chers que l’or, c’est leur absence d’utilité pour les malades et leur toxicité fréquente. Non seulement ces traitements sont hors de prix mais ils sont le plus souvent inutiles et parfois très dangereux !

 

A SUIVRE …..

[1] Dominique Maraninchi Jean-Paul Vernant – le 14/03/2016 appel des 110

[2] François Hollande a préconisé une initiative sur le contrôle des prix des médicaments au G7 en mai 2016 et les candidats américains H Clinton et D Trump ont promis qu’ils allaient négocié…

[3] Alex Berenson A Cancer Drug’s Big Price Rise Is Cause for Concern New York Time 12 mars , 2006

[4] Le prix est passé de 10 à 100 euros !

[5] Les prix pratiqués sont fréquemment 150 fois plus chers que l’or

[6] The price of drugs for chronic myeloid leukemia (CML) is a reflection of the unsustainable prices of cancer drugs: from the perspective of a large group of CML experts Blood. 2013 May 30; 121(22): 4439–4442.

[7] In « cancer, les bonnes questions à poser à votre médecin » G et N Delépine éditions Michalon

[8] F Pesty06/09/2013 – Pour 12.000 euros de plus par patient et par an dans la polyarthrite rhumatoïde, les

biothérapies ne font pas mieux finalement que l’association bon marché de 2 vieilles molécules.

Et comme tous les produits nouveaux, il bénéficie par avance d’une propagande sans limites. Ainsi, ce 17 janvier 2017, dans le Nouvel Observateur le docteur Monsonego[1] n’a pas hésité à affirmer que ce nouveau Gardasil assurera une « une protection à 90% contre le cancer du col ».

Rappelons qu’il n’existe à ce jour, aucune preuve que le vaccin anti-papilloma virus protège réellement contre le cancer du col. Le vaccin ne protège – et encore qu’ imparfaitement[2]– que contre certaines infections à papillomavirus, maladie extrêmement fréquente et qui guérit toute seule dans 97% des cas. Il protège également fréquemment contre les verrues génitales et à moindre degré contre certaines métaplasies. Mais jusqu’ici aucun essai n’a pu démontré la moindre diminution de fréquence du cancer du col chez les femmes vaccinées[3] [4]. Et encore moins de diminution de mortalité[5]. Affirmer dans la presse que ce vaccin protège à 90% contre le cancer du col constitue donc, en l’état actuel de la science une publicité mensongère, condamnable.

De plus, de nombreuses raisons font craindre que le vaccin soit inefficace contre ce cancer, parce qu’il ne protège que contre une petite partie des plus de 100 variantes de virus HPV recensées, que son efficacité anti virale, limitée dans le temps, risque d’être insuffisante 20 ans après la vaccination (lorsque le cancer est susceptible d’apparaître), et que la publicité mensongère sur son efficacité risque de détourner les femmes du seul dépistage efficace, celui des frottis réguliers (tous les trois ans).

Il est d’ailleurs troublant de noter que cette annonce spectaculaire d’efficacité du nouveau vaccin ‘contre le cancer’ survient juste avant la semaine européenne de prévention et de dépistage du cancer du col de l’utérus (22 au 28 janvier 2017) qui rappelle la valeur prouvée du dépistage[6] et au moment où le ministère, après l’institut de veille sanitaire et l’INCa promettent enfin un dépistage organisé par frottis. Les vendeurs de vaccin voudraient-t-ils monopoliser l’espace médiatique pour faire oublier ce concurrent trop efficace?

Outre son efficacité anti cancéreuse non prouvée, la toxicité du vaccin a été sous-évaluée et sa responsabilité dans les troubles graves allant de la mort[7] aux complications neurologiques démyélinisantes[8] , au blocage du fonctionnement ovarien[9] [10] [11], à la fasciite à macrophages[12] est maintenant largement établie. Cette balance avantage risque défavorable[13] a justifié l’abandon de sa recommandation au Japon et en Autriche. Seuls les liens d’intérêts étroits et parfois de corruption entre les autorités sanitaires américaines[14] européennes[15] mais aussi françaises, peuvent expliquer que ce vaccin ait reçu son autorisation de mise sur le marché et un soutien institutionnel jusqu’ici sans faille en France.

Crédulité ou corruption ? En publiant cet interview du docteur Monsonego sans préciser ses liens d’intérêts, le Nouvel Observateur s’est rendu complice d’une violation de la loi[16] qui exige de tout médecin qui s’exprime en public, de les mentionner. Espérons qu’une mise au point rapide de ce journal sérieux permettra de montrer que sa journaliste a été trompée et ne constitue qu’une victime de plus de ce vaccin.

[1] Dr. Monsonego est consultant rémunéré de Merck, Sanofi Pasteur MSD, Gen-Probe and Roche Diagnostics dont le gardasil et les tests diagnostiques pour les HPV représentent une source importante de revenu

[2] dans la vraie vie dans laquelle se trouve l’immense majorité des vaccinées actuelles, le taux d’efficacité du vaccin est de 20 % au maximum dans les études Future 13 et 15 déposées à la FDA

[3] Riva C, Spinosa JP et al. Feedback to Arbyn M, Bryant A, Martin-Hirsch PPL, Xu L, Simoens C, Markowitz L. Prophylactic vaccination against human papillomaviruses to prevent cervical cancer and its precursors. Cochrane Database of Systematic Reviews 2013; 12(CD009069) 2014 December: 12-14.

[4] Riva C, Spinosa JP. Prescrire en questions: vaccin papillomavirus: quelle efficacité, quel risque? La Revue Prescrire 2013;33(357):552-556. [4]

[5] L’étude la plus avancée, finlandaise n’espère pas conclure avant 2020 tant les données sont négatives in’ Enrolment of 22,000 adolescent women to cancer registry follow-up for long-term human papillomavirus vaccine efficacy: guarding against guessing Matti Lehtinen International Journal of STD & AIDS 2006

[6] Recommandé tous les 3 ans à partir de 25 ans(pas avant) et au-delà de la ménopause il évite réellement 90% des cancers du col

[7] Plus de 200 morts répertoriées dans le monde

[8] Scléroses en plaque, sclérose latérale amyotrophique

[9] Colafrancesco S, Perricone C, Tomljenovic L, Shoenfeld Y. Human papilloma virus vaccine and primary ovarian failure: another facet of the autoimmune/inflammatory syndrome induced by adjuvants. Am J Reprod Immunol. 2013; 70:309-316

[10] Little DT, and Ward HR. Adolescent premature ovarian insufficiency following human papillomavirus vaccination: a case series seen in general practice. J Inv Med High Imp Case Rep. 2014

[11] New Concerns about the Human Papillomavirus Vaccine American College of Pediatricians – January 2016

[12] RK Gherardi, Macrophagic myofasciitis: an emerging entity Lancet Volume 352, No. 9125, p347–352, 1 August 1998

[13] Tomljenovic L, Spinosa JP, Shaw CA. Human papillomavirus (HPV) vaccines as an option for preventing cervical malignancies: (how) effective and safe? Current Pharmaceutical Design 2013;19(8):1466-87.

[14] Dalbergue B Le Gardasil sera le plus grand scandale médical de tous les temps » Principes de Santé avril 2014

[15] Stéphane Foucart, Vaccin contre les papillomavirus: les autorités européennes dans la tourmente. Le Monde. 9.12.2016

[16] Article L4113-13 du Code de la Santé Publique « Les membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises et établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou des organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de les faire connaître au public lorsqu’ils s’expriment lors d’une manifestation publique ou dans la presse écrite ou audiovisuelle sur de tels produits »

Article de Matthew V. Abola, BA1Vinay Prasad, MD, MPH2,3

Publié en Janvier 2016

Author Affiliations Article Information

JAMA Oncol. 2016;2(1):139-141. doi:10.1001/jamaoncol.2015.3931

The language used in oncology practice and research may elicit important connotations.1 Whereas most new cancer drugs afford modest benefits,2approved drugs or those in development may be heralded as “game changers” or “breakthroughs” in the lay press. These news articles may be important sources of information to patients, the public, and investors—with a broader reach than medical journal articles. However, omission of medical context or use of inflated descriptors may lead to misunderstandings among readers.3

We sought to investigate the use of modest and superlative descriptors in contemporary news articles regarding cancer drugs. We sought to determine who uses this inflated language and what classes of drugs were most heralded.

Methods

We searched 10 superlative terms in conjunction with “cancer drug” in Google’s news search (http://news.google.com) between June 21, 2015, and June 25, 2015. Superlative terms included “breakthrough,” “game changer,” “miracle,” “cure,” “home run,” “revolutionary,” “transformative,” “life saver,” “groundbreaking,” and “marvel.” Terms were prespecified and identified through discussion.

All articles resulted were read in full by one reviewer (M.V.A.). The following information was extracted: drug described, mechanism of action, class of medication, whether the agent described had already received US Food and Drug Administration approval, whether the data described concerned human trial results or preclinical (eg, mouse or cell culture) data, and the quoted individual (physician, journalist, industry expert, or patient). An academic hematologist-oncologist (V.P.) researched mechanism of action of all drugs and coded their class as cytotoxic, targeted, immunotherapy—checkpoint inhibitor, immunotherapy—therapeutic vaccine, radiotherapy, gene therapy, or other.

Results

We found 94 news articles from 66 distinct news outlets that made 97 superlative mentions that fit our criteria, referring to 36 specific drugs, with 3 articles not naming the drug. The most common class of drugs referenced was targeted therapy (17 of 36 [47%]). Nine (25%) cytotoxic drugs were discussed, followed by 5 (14%) immunotherapy checkpoint inhibitors, 3 (8%) cancer vaccines, 1 radiotherapy, and 1 gene therapy.

Among 97 superlatives used, 39 (40%) referred to a targeted therapy, 37 (38%) referred to an immunologic checkpoint inhibitor, 10 (10%) referenced a cytotoxic drug, 5 (5%) discussed a therapeutic cancer vaccine, 3 (3%) did not name the drug, 2 (2%) referred to a radiotherapy, and 1 (1%) referred to gene therapy.

Precisely half (18 of 36) of drugs described had not received Food and Drug Administration approval (as of July 15, 2015) for at least 1 indication. For 5 of 36 (14%) drugs, superlatives were used in the absence of clinical data (ie, based solely on mouse, cell culture, and/or preclinical work). The specific drug mentioned, superlative used, and other characteristics are described in the Table.

A variety of speakers were credited with using the superlative (53 journalists [55%], 26 physicians [27%], 9 industry experts [9%], 8 patients [8%], and 1 member of US Congress [1%]). In the majority of cases (55%) the superlative was used by the author of the article without any other attribution.

Discussion

Our investigation finds that the use of superlatives to describe approved (50%) and nonapproved cancer drugs (50%) is common. Superlatives are used for all types of medications, including those, such as therapeutic cancer vaccines, which historically have low response rates4 and drugs that have not yet shown overall survival benefits (eg, palbociclib). Of concern, 14% of drugs were praised without any human data.

Use of superlatives reflects the current “hot fields” of cancer research. Although immunologic checkpoint inhibitors made up only 14% of the unique drugs mentioned, they accounted for 38% of all superlatives. Targeted therapies were the most common drugs mentioned, and they received the most superlatives. One limitation to our work is that it was conducted 3 weeks after the 2015 American Society of Clinical Oncology conference; as such, it may not reflect the use of these terms at other times, as well as in other years.

A range of speakers used superlatives, but the majority were journalists (55%), who may not have the expertise to identify the most promising medical therapies, or what magnitude of benefit warrants a superlative. The use of superlatives is common in cancer research news articles. Some of this use may be questioned.

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Article Information

Corresponding Author: Vinay Prasad, MD, MPH, Division of Hematology and Medical Oncology, Knight Cancer Institute, Oregon Health and Science University, 3181 SW Sam Jackson Park Rd, Portland, OR 97239 (prasad@ohsu.edu).

Published Online: October 29, 2015. doi:10.1001/jamaoncol.2015.3931.

Author Contributions: Mr Abola had full access to all of the data in the study and takes responsibility for the integrity of the data and the accuracy of the data analysis.

Study concept and design: Both authors.

Acquisition, analysis, or interpretation of data: Both authors.

Drafting of the manuscript: Both authors.

Critical revision of the manuscript for important intellectual content: Abola.

Statistical analysis: Abola.

Administrative, technical, or material support: Abola.

Study supervision: Prasad.

Conflict of Interest Disclosures: None reported.

References

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En réponse à la contre-vérité de Maxence Ouafik sur le vaccin Gardasil, je réaffirme nos arguments pour inciter à plus de précautions.
Je suis chirurgien cancérologue et diplômé de statistiques appliqués à la médecine et Nicole Delépine est cancérologue médicale depuis plus de trente ans. Aussi nous voulons corriger les erreurs et omissions de notre contradicteur, dont l’expression est très proche de celle des laboratoires.

Notre première vérité rappelle simplement que le Gardasil, comme tout vaccin, est un traitement et que son intérêt doit être envisagé de manière contradictoire selon la balance avantages/risques. Dans le cas particulier du Gardasil, l’avantage sur le cancer n’est absolument pas démontré (aucune série n’a prouvé une diminution de mortalité chez les femmes vaccinées par rapport à celles qui ne le sont pas) alors que les accidents de la vaccination sont fréquents et bien documentés à l’étranger.

L’absence de problème de santé publique et la nécessité du dépistage par frottis

Je réaffirme haut et fort que les données acquises de la science montrent que le cancer du col de l’utérus n’est plus un problème de santé publique en France depuis la pratique généralisée des frottis. En 2012, il représentait moins de 1% des cancers de France métropolitaine (3 000 des 355 000 nouveaux cas de cancers) et 0.6% des 148 000 décès de cancer (1). De plus, la prévention de la mort par ce cancer grâce à la pratique des frottis cervicaux vaginaux a fait la preuve de son efficacité depuis 30 ans, faisant régresser la mortalité annuelle de ce cancer de 5 000 à moins de1 000. Les femmes qui meurent encore de ce cancer sont presque exclusivement celles qui ne se sont pas fait pratiquer un frottis tous les trois ans, comme recommandé par la Haute Autorité de Santé (HAS).

Malheureusement, une étude de cette même HAS, réalisée en 2010 à partir des statistiques de la CNAM, a montré que seulement une Française sur deux se faisait dépister. Si le Ministère désirait diminuer le risque de décès par ce cancer, il aurait du faire une campagne d’information et de promotion des frottis parmi ces femmes. Hors de France, la situation est différente et le cancer reste un vrai problème de santé publique, en particulier en Afrique où les laboratoires pourraient peut-être offrir le vaccin aux populations qui ne peuvent pas bénéficier du dépistage.

Un lien non prouvé entre papillomavirus et cancer du col de l’utérus

Sur le lien de causalité entre virus et cancer, je désire rappeler les bases scientifiques des enquêtes de causalité : les tests statistiques peuvent prouver qu’une association n’est pas due au seul hasard mais ils ne permettent jamais de préciser la nature de l’association. Les laboratoires pharmaceutiques (qui vivent des tests et des vaccins) claironnent que le papillomavirus est LA cause du cancer du col de l’utérus. Mais il n’y a pas une cause unique à ce cancer : son origine est multifactorielle, il est la conséquence de plusieurs facteurs qui se combinent et dont les responsabilités propres sont difficiles à établir. Toutes les études épidémiologiques prouvent que le risque de cancer du col augmente avec les infections à papillomavirus mais aussi avec la précocité du premier rapport sexuel, avec la fréquence de ceux qui suivent, avec le nombre de partenaires, avec celui des infections (qu’elles soient virales – en particulier avec le cyto mégalovirus – ou bactériennes), et même avec le tabac, voire l’alcool… Cela explique la plus grande fréquence du cancer du col de l’utérus chez les prostituées et sa grande rareté chez les nonnes.

Les études citées par notre contradicteur confirment seulement l’association statistique entre cancer et infection au papillomavirus, surtout lorsqu’elle persiste. Mais cette association statistique, même puissante, ne prouve en rien un lien de causalité directe. Un agent cancérigène doit être capable de créer un cancer par son application répétée. Cela est vérifié par exemple pour les goudrons sur la peau et les muqueuses. Or, aucune étude expérimentale n’a montré la création de cancer par infection répétée au papillomavirus. La comparaison de mon contradicteur entre cancer du poumon/tabac et cancer du col/infection à papillomavirus n’est en aucun cas pertinente car on crée des cancers des bronches avec les goudrons du tabac mais on est incapable de créer un cancer du col avec le papillomavirus.

Je trouve étrange cette focalisation sur le papillomavirus alors que les microtraumatismes répétés et les inflammations persistantes sont des facteurs cancérigènes majeurs et reconnus par tous, et que leur association avec le cancer du col est aussi habituelle que celle du virus. L’infection à papillomavirus atteint un jour ou l’autre la quasi-totalité des femmes sexuellement actives. Ses rechutes sont habituelles chez les femmes très actives sexuellement, qui sont aussi celles qui exposent leur col de l’utérus davantage aux microtraumatismes répétés (facteur cancérigène connu) et aux infections diverses et variées (une source d’inflammation chronique est un facteur cancérigène connu) et qui cumulent donc les facteurs cancérigènes. L’infection au papillomavirus peut donc parfaitement n’être qu’un marqueur du risque de cancer du col, témoignant simplement de l’activité sexuelle intense et du sur-risque causé par les microtraumatismes et l’inflammation chronique.

Des études sponsorisées par les laboratoires

Le lien de causalité aurait été plus probant si les études s’étaient intéressées aussi aux autres facteurs en les quantifiant (âge du premier rapport, fréquence des rapports, nombre de partenaires, fréquence des infections bactériennes et virales) et si une analyse statistique multivariée avec étude des odd ratio (rapport des cotes) résiduels avait précisé le rôle propre de chaque facteur. Mais, depuis le dépôt de brevet de Hauser et son prix Nobel (obtenu après que la fondation Nobel a reçu un don considérable d’un laboratoire copropriétaire du brevet et qui a soulevé une polémique en Suède), les études sponsorisées par les laboratoires ne s’intéressent qu’au papillomavirus et oublient volontairement les autres facteurs étiologiques possibles.

En justice, on qualifierait ce type d’enquête d’instruction à charge. L’analyse de l’article de F.-X. Bosch citée par notre contradicteur et actualisée en 2014 a été réalisée grâce à l’argent de Digene Corporation,. Cette société commercialise les tests du diagnostic du papillomavirus pour apporter la « preuve définitive » de la responsabilité de celui-ci ; on ne s’étonne donc pas qu’elle ait négligé la responsabilité des autres facteurs étiologiques possibles. Il fallait dénoncer le coupable rentable, le virus. Les preuves alléguées par mon contradicteur ne sont donc qu’un faisceau de faits, certes convergents, mais qui ne constituent pas une preuve directe.

Devant ce type de preuve indirecte, la justice pénale américaine conclurait « le virus était sur les lieux du crime, au moment du crime, mais il n’était pas seul et aucun témoin ne peut affirmer si c’est lui ou un autre qui est responsable ». Mon contradicteur avoue d’ailleurs qu’il n’est pas certain de son hypothèse causale impliquant exclusivement le papillomavirus puisqu’il reconnait « la preuve expérimentale de la causalité pourrait être apportée dans les années à venir si une diminution de cas de cancer était observée ».

L’efficacité du vaccin discutable

Je concède à mon contradicteur l’efficacité du Gardasil dans la prévention dans 50% (chiffre avancé par les laboratoires) à 18% (chiffre tiré d’études indépendantes) des infections à papillomavirus durant les cinq ans qui suivent la vaccination, mais cette prévention n’a qu’un intérêt très discutable car l’infection à papillomavirus est le plus souvent asymptomatique, n’a aucune gravité et guérit spontanément en trois ans dans 90% des cas. Or, pour protéger du cancer (si le papillomavirus en était responsable) il faudrait que ce vaccin soit efficace 25 à 30 ans et qu’il couvre toutes les souches de papillomavirus (2) – sinon la niche écologique ainsi créée par la vaccination risque de permettre la prolifération d’autres souches, peut-être plus dangereuses – ce que même les plus malhonnêtes des porte-parole des laboratoires n’osent pas prétendre. D’autant que les souches protégées par le vaccin ne sont pas les plus fréquentes en Europe contrairement à ce qu’affirme mon contradicteur, si on regarde l’étude réalisée à Barcelone (3) où elles ne représentaient que 3% des cas.

Les premiers résultats du Gardasil publiés par les laboratoires pharmaceutiques rapportent un plus faible risque de verrues génitales, ce qui est plausible, mais qui voudrait se faire vacciner pour éviter une verrue… L’argumentation « autres intérêts du vaccin » répète les mensonges publicitaires des laboratoires qui veulent absolument élargir les indications du vaccin en prétendant, là aussi sans aucune preuve réelle (on le retrouve dans les zones citées donc il serait coupable), que le papillomavirus est la cause de nombreux cancers.

Un coût indécent

Je continue à clamer que le prix du vaccin est indécent en cette période d’austérité pour la population, même s’il réalise l’objectif des big pharma d’obtenir le prix « maximal que les systèmes sociaux peuvent assumer ». Les premières indications conseillent trois injections, soit un coût total de 369 euros (et trente fois le prix du vaccin antitétanique !). Notre contradicteur minimise le prix en ne considérant que le reste à charge, que le lobby des vaccins veut faire diminuer en faisant payer l’assurance maladie, alors que le déficit chronique de cette dernière menace son existence même ! En l’état actuel de la science, la vaccination contre les papillomavirus n’a pas d’efficacité prouvée contre le cancer.

Des effets secondaires reconnus à l’étranger

Rappelons-nous l’expérience du vaccin contre l’hépatite, dont la publicité forcenée affirmait entre autres qu’il protégerait contre le cancer du foie et qui a été imposé à beaucoup d’Européens par la loi, à la demande des laboratoires (qui n’ont pas hésité à corrompre jusqu’au Ministre de la Santé italien). La population française s’est très majoritairement fait vacciner mais l’hépatite n’a pas disparu, le nombre de cancers du foie a augmenté, celui de scléroses en plaques déclarées a triplé et une nouvelle maladie a fait son apparition, la fasciite à aluminium.

Avant qu’un traitement puisse être conseillé, l’innocuité du vaccin doit être établie formellement et ce n’est pas le cas du Gardasil (4). En France, pays de Pasteur et de Sanofi, la vaccination constitue un tabou et faire reconnaitre un accident vaccinal quasiment impossible. Comme en son temps l’Agence de protection contre les radiations ionisantes a affirmé que le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à nos frontières, notre système de pharmacovigilance veille à ce que les accidents vaccinaux ne soient presque jamais considérés comme tels. Les Etats-Unis disposent d’un système efficace de surveillance des complications vaccinales : le Vaccine Adverse Events Reporting System que chacun peut consulter sur Internet (5).

En mars 2014, environ 34 240 effets secondaires des vaccinations contre les papillomavirus avaient été rapportés, dont plus de 162 décès (6). Prétendre que les indemnisations versées à ces victimes aux Etats-Unis n’est pas une preuve de ses complications témoignent d’un mépris considérable pour les victimes et pour l’organisme fédéral qui les a accordées. De même, il est sidérant que notre contradicteur, qui prétend s’appuyer sur les dernières données de la science, ignore les travaux des professeurs Romain Gherardi et Jérôme Authier, du centre des maladies neuromusculaires ( Hôpital Henri Mondor de Créteil) démontrant le lien entre l’aluminium vaccinal et la myofasciite à macrophages, ceux du professeur Gatto de l’université de Padoue montrant le risque de Lupus érythémateux(7) et ceux de nombreux autres chercheurs rapportant des accidents graves sur les système nerveux (8) (9) (10).

Pour conclure

Pour conclure, il faut rappeler :

  • le caractère expérimental de cette vaccination, dont on ne connaît pas tous les risques et dont l’efficacité éventuelle ne sera connue que dans dix à quinze ans ;
  • son inutilité : pour éradiquer les morts par cancer du col de l’utérus (0,6% des morts par cancer), il suffisait de généraliser les frottis (qui restent indispensables malgré la vaccination) ;
  • l’incertitude sur le lien direct de causalité entre virus et cancer, car les études réalisées avec la collaboration des laboratoires ont systématiquement ignoré les autres étiologies possibles pourtant associées au cancer ;
  • le poids énorme des conflits d’intérêts (Sanofi représente la seconde capitalisation boursière de la place de Paris). Les experts des agences chargés de protéger la santé publique ont bénéficié du camouflage de leurs liens d’intérêt prioritaire par les arrêtés d’application de la loi anticorruption rédigés par notre Ministre en concertation étroite avec les laboratoires (ils ne sont pas tenus de déclarer leurs contrats commerciaux avec les laboratoires !) ;
  • une publicité mensongère réalisée avec la complicité des autorités sur les familles, publicité qui agite la peur d’un faux croquemitaine, qui culpabilise les parents et insiste sur la caution publique et la gratuité ;
  • des tentatives persistantes de vacciner les petites filles à l’école sans tenir compte de la volonté des parents ;
  • et que la vaccination par le Gardasil a été intégrée comme axe prioritaire du Plan Cancer 2014 malgré les incertitudes tant sur son efficacité que sur ses dangers. On ne peut que regretter cette absence de prudence de nos politiques et se demander quelles sont leurs motivations.

Je tiens enfin à préciser que je n’ai aucun lien d’intérêt avec aucun laboratoire pharmaceutique ou groupe qui prônent les vaccinations, ni non plus avec des groupements qui aurait un quelconque intérêt à nier l’intérêt des vaccinations en général et celle du Gardasil en particulier. J’espère que cela est également le cas de mon contradicteur dont les arguments sont précisément ceux que les laboratoires nous assènent à l’envi.

 Gérard Delépine

(1) Les cancers en France en 2013. Collection état des lieux et des connaissances, ouvrage collectif édité par l’INCa, Boulogne-Billancourt, janvier 2014
(2) L. Tomljenovic and coll. Human Papillomav19, 1466-1487 Virus vaccine as an option for preventing cervical malignancies ; How effective and safe ? Current pharmacoceutical design 2013 19, 1466-1487
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(7) Gatto M, Agmon-Levin N, Soriano A, Manna R, Maoz-Segal R, Kivity S, Doria A, Shoenfeld Y Human papillomavirus vaccine and systemic lupus erythematosus. Clin Rheumatol. 2013 Apr 28.
(8) Sutton I, Lahoria R, 50. Tan IL, Clouston P, Barnett MH. CNS demyelination and quadrivalent HPV vaccination. Mult Scler. 2009;15:116 – 9.
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Neurol. 2011;52:472– 6

Gardasil et Cervarix, les vaccins censés protéger du cancer du col de l’utérus, sont parmi les priorités du Plan Cancer 2014.

Pourtant, rien ne prouve leur efficacité. Pire, ils pourraient avoir de graves conséquences sur la santé.

Quand la politique se mêle de prescription médicale au service des lobbies et de l’incompétence, on approche de l’abîme technique, éthique et philosophique. Ainsi, un des objectifs du Plan Cancer nouveau cru est d’imposer de vacciner toutes les jeunes filles contre le papillomavirus pour « les protéger du cancer du col de l’utérus », et le plus tôt possible pour qu’elles ne risquent pas d’y échapper (des actions collectives sont envisagées en milieu scolaire).

Or, la balance avantages/risques est franchement défavorable et les conditions de sa mise en œuvre parfaitement scandaleuses. Si vous aimez les femmes et jeunes filles de votre entourage, évitez leur cette vaccination. De nombreux arguments s’y opposent :

  • le cancer du col ne constitue plus en France un problème de santé publique ;
  • le vaccin n’est actif que sur les infections causées par moins de la moitié des souches du virus et le lien de causalité direct entre infection et cancer n’est pas démontré ;
  • il n’existe, à ce jour, aucune preuve d’efficacité de ce vaccin contre l’apparition d’un cancer du col et les raisons de penser qu’il n’y en aura jamais sont nombreuses. Mais on ne pourra le savoir que dans au moins vingt ans, le temps de développement minimal de ce cancer. Ce délai démontre la nature expérimentale de ce vaccin qu’on rembourse et qu’on voudrait rendre obligatoire ;
  • le prix exorbitant de ce vaccin et les liens d’intérêts des experts et des responsables de la décision rendent celle-ci hautement suspecte de corruption ;
  • ce vaccin contient l’aluminium comme adjuvant, il est donc dangereux, ne serait-ce que par cette caractéristique ;
  • de nombreuses complications, incluant des décès, lui ont été imputées, essentiellement à l’étranger où elles ont abouti à la suspension de la recommandation comme récemment au Japon.

La prévention du cancer du col bien assurée par les frottis

Représentant un peu plus de 1,7% des cancers, le cancer du col de l’utérus ne représente plus un problème de santé publique en France en 2014. Depuis la mise en pratique régulière des frottis cervicaux, environ 1 000 décès par an lui sont imputables (contre plus de 5 000 auparavant). A titre de comparaison, en 2012, 29 949 personnes sont décédées d’un cancer du poumon, 17 722 d’un cancer du côlon-rectum et 11 886 d’un cancer du sein.

La pratique des frottis cervicaux réguliers (tous les trois ans) constitue la seule prévention de cancer dont l’efficacité est établie avec certitude – même si, curieusement, on ne la glorifie jamais. Est-ce parce que le mérite en revient aux médecins généralistes et gynécologues qui la pratiquent au quotidien sans le soutien du ministère ni le renfort de la publicité dont bénéficie le vaccin ? Or, le bénéfice espéré d’une vaccination dépend, en autres, de la fréquence de la maladie que l’on veut éradiquer : moins la maladie est fréquente, plus le gain potentiel est faible.

En 2007, dans une interview accordée à la mutualité française, le gynécologue Bernard Guérin du Masgenêt témoignait de ses réticences devant une campagne de vaccination de masse : « Je suis toujours très méfiant à l’égard des nouveautés de l’industrie pharmaceutique, surtout quand des intérêts financiers énormes sont en jeu. La mise sur le marché du Gardasil a étonné tout le monde par sa rapidité puis par l’ampleur de la pression médiatique sur les médecins et leurs clientes : on n’a pas eu le temps de souffler ni de réfléchir ! Cette promotion commerciale agressive est, pour moi, une source de gêne et de suspicion. Avec cette vaccination, la France est prête à dépenser une fortune pour un problème de santé publique qui n’existe pas ! J’exagère un petit peu mais, dans notre pays, le cancer invasif du col – le vrai cancer – est rare chez les femmes bénéficiant d’un suivi gynécologique et de frottis de dépistage réguliers ».

Une action limitée du vaccin contre l’infection de l’HPV (herpès papillomavirus)

Le vaccin n’est actif que contre la moitié des infections à papillomavirus rencontrées en France. Le Gardasil ne contient les antigènes que des souches de type 6, 11, 16 et 18, le Cervarix de trois souches. Or, les infections par les souches 16 et 18, érigées en épouvantails par les industriels, semblent rares en Europe occidentale, d’après une étude réalisée en Catalogne.

Les essais réalisés et présentés par les laboratoires dans leurs fiches techniques (possiblement enjolivées puisque réalisées sans aucune vérification des données brutes par des experts indépendants) affirment « Parmi les femmes n’ayant jamais été infectées par 14 type(s) d’HPV courants et qui avaient un frottis cervical négatif au Jour 1, l’administration de Gardasil a réduit l’incidence des infections virales de 42,7 % ». La protection contre les infections « cibles » n’est donc acquise que dans moins de la moitié des cas.

L’infection pas synonyme de cancer

De plus, l’infection ne veut pas obligatoirement dire cancer futur, mais éventuellement évènements associés. Sans quoi, vu le nombre de femmes ayant rencontré le papillomavirus, le nombre de cancer du col aurait été très supérieur !

Il n’existe à ce jour aucun début de preuve d’efficacité des vaccins contre l’apparition du cancer du col. Le lien de causalité directe entre infections à papillomavirus et cancer du col est possible mais n’a pas été formellement établi. A titre de comparaison, le lien de causalité directe entre goudrons et cancers avait lui été confirmé par la création de cancers expérimentaux après application répétée de la substance toxique. Ce n’est pas le cas pour le papillomavirus. On observe seulement une association statistique entre infection persistante et cancer, mais cette association peut très bien être secondaire à un autre facteur éventuellement associé aux deux premiers, par exemple les microtraumatismes du col.

Une association hâtive entre infection et cancer du col

En effet, la comparaison d’incidence du cancer du col chez les prostituées et chez les bonnes sœurs a montré que la fréquence des rapports sexuels et le nombre de partenaires augmentait la probabilité de cancer du col – certainement du fait des microtraumatismes répétés du col – et celle des infections bactériennes et virales. L’association apparente entre infection et cancer pourrait très bien ne traduire que la corrélation entre la cause réelle (traumatisme répété) et l’infection.

Aucune des études réalisées à ce jour ne prouve que le vaccin permette de diminuer le risque de cancer. L’infection est contractée lors des premiers rapports sexuels, alors que le cancer survient vers la cinquantaine. On ne pourra donc réellement estimer l’efficacité éventuelle de ces vaccins que dans 25 à 30 ans. Or, la durée de cette protection par vaccin est limitée dans le temps. Pour la plupart des vaccins (tétanos, diphtérie), il est admis qu’un rappel est nécessaire après cinq ans. Or, dans les cas présent, il faudrait que la protection dure 25 ou 30 ans, ce qui n’est guère crédible.

L’inefficacité du vaccin sur l’infection

Dans l’immédiat, même en admettant un lien de causalité direct entre infection et cancer, de nombreux arguments plaident pour l’inefficacité des vaccins. Ils ne protègent de l’infection que dans 42% des cas. Les souches non traitées pourraient très bien profiter de la niche virale créée par les vaccins et se révéler plus cancérigènes que les souches éradiquées. A terme, cette vaccination partielle pourrait donc augmenter le nombre de cancers ! Tout ceci mériterait une observation patiente sur un groupe limité d’individus consentants à une expérimentation et suivis au moins trente ans à quarante ans. D’ici là, la croyance des femmes en l’efficacité du vaccin risque de les détourner de la seule prévention réelle : la pratique régulière des frottis.

Les incertitudes sur cette efficacité réelle sont clairement reconnues par les chantres de la vaccination puisque la notice du Gardasil précise « la vaccination ne remplace pas le dépistage en routine du cancer du col de l’utérus. Etant donné qu’aucun vaccin n’est efficace à 100%, que Gardasil ne protège pas contre tous les types d’HPV ou contre des infections déjà existantes dues aux HPV, le dépistage en routine du cancer du col de l’utérus reste très important et doit se faire selon les recommandations locales ».

L’efficacité réelle du Cervarix et Gardasil sera peut être connue en 2020, grâce à une étude finlandaise de l’université de Tampere qui a démarré en 2004-2005 sur plus de 20 000 jeunes filles. Il faut rappeler qu’en attendant, toute publicité présentant ce vaccin comme efficace sur le cancer n’est que l’expression d’une croyance non-scientifiquement établie et plus certainement d’une manipulation non désintéressée.

Mise sur le marché rapide, prix exorbitant et conflits d’intérêt

Les conditions de mise sur le marché dérogatoires et scandaleuses de ces vaccins évoquent l’influence de lobbying, de liens d’intérêt cachés, voire de corruption comme cela a été démontré en Suède pour la fondation Nobel, aux Etats-Unis, aux Pays Bas et récemment en France. L’Autorisation de mise sur le marché a été accordée sans preuve d’efficacité des vaccins sur la prévention du cancer. Pourtant, des preuves d’efficacité et d’innocuité sont habituellement exigées avant toute autorisation.

Le prix du vaccin fixé par la commission est exorbitant, atteignant plus de 100 fois celui du vaccin antitétanique. En France, la proximité entre Jean-François Dehecq, le patron de Sanofi, et du Président avait entaché de suspicion la décision de remboursement des vaccins. Et cette suspicion vient d’être renforcée lorsque Le Canard Enchaîné a révélé les liens d’intérêt non déclarés entre un membre important de la direction générale de la santé actuelle au ministère en charge du dossier et un directeur du laboratoire fabricant le produit. Les liens d’intérêts non-déclarés entre des experts et les laboratoires ont justifié l’invalidation par le Conseil d’Etat puis le retrait de deux recommandations émises par la Haute Autorité de Santé après beaucoup d’efforts du Formindep. Apparemment, la leçon n’a pas été efficace.

Risques médicaux du vaccin contre le HPV

Si la justification médicale du vaccin est très discutable et proche de zéro, ses risques sont, eux, bien réels. L’utilisation de l’aluminium comme adjuvant entraîne une stimulation non spécifique du système immunitaire susceptible d’augmenter le risque de maladies auto-immunes telles que la sclérose en plaques, dont la fréquence a été multipliée par cinq après la généralisation du vaccin anti-hépatite B qui contenait le même adjuvant. La fasciite à aluminium a été décrite depuis lors : la toxicité de l’aluminium comme adjuvant fait d’ailleurs l’objet du financement d’une étude par l’agence du médicament dont les résultats sont attendus avec impatience.

Au pays de Pasteur, l’administration répugne à colliger les accidents des vaccins qui constituent un tabou. Pour les évaluer, force est de se tourner vers les pays étrangers. Aux Etats-Unis, où le Gardasil est commercialisé depuis 2006 et le Cervarix arrivé sur le marché quelques temps après, les chiffres officiels de signalement d’effets secondaires du système de notification américain faisaient état, fin avril 2013, de plus de 100 décès et d’environ 30 000 cas d’effets secondaires dont de nombreuses hospitalisations. Le gouvernement américain avait déjà versé près de six millions de dollars d’indemnisation répartis entre 49 familles de victimes, incluant deux décès, suite à cette vaccination.

C’est la prise en compte de ces complications qui a déterminé le ministère de la Santé japonais à retirer les vaccins anti-papillomavirus de la liste des vaccinations recommandées. Il faut espérer que les plaintes récentes de victimes françaises auprès de la justice rendra plus prudents les politiques dans leur désir d’imposer la vaccination à tout prix et de la rembourser à 100%. Ils ne pourront plus dire qu’ils ne savaient pas.

Gardasil : un nouveau scandale sanitaire ?

Pourtant, les injonctions du Plan Cancer ont été révélées en 2014, alors que les premiers procès français datent de 2013. Les lobbies seraient-ils plus forts que la peur du procès ? Il faut dire que les précédents scandales n’ont pas brillé par leur efficacité préventive. Rappelez-vous du scandale du sang contaminé : notre actuel ministre des affaires étrangères était le premier ministre en 1986, qui s’en souvient ? Le scandale de l’hormone de croissance humaine prélevée sur cadavres par le garçon d’amphithéâtre et les victimes de l’encéphalite de Creutzfeld Jacob transmise : combien d’indemnisations et, au minimum, de reconnaissances des souffrances ? Quant aux victimes du distilbène prise par les mères et les grands-mères, les victimes actuelles devraient retrouver les ordonnances d’il y a 40 ans pour que le tribunal s’y intéresse ?

Les victimes actuelles du Gardasil, « les filles et le gardasil.com », ont intérêt à se serrer les coudes et compter sur l’amplificateur Internet pour se faire entendre et tenter d’éviter de nouvelles victimes pour le seul profit des labos et de leurs complices.

Nicole Delépine